Ce document a été généré automatiquement le 20 avril 2019. © ELLUG L'historiographie contemporaine n'y est sans doute pas pour rien : quand on évoque l'Empire ottoman au XVI e siècle, une image s'impose à nos yeux comme une évidence rassurante, celle de Soliman, le sultan qui régna entre 1520 et 1566, que les Européens nommèrent le Magnifique, et ses sujets, le Législateur. Ces deux épithètes traduisent à elles seules l'admiration qu'inspirait celui qu'on considère comme le plus grand sultan de l'histoire ottomane : il fut à la fois un conquérant, un prince avisé à la diplomatie subtile, mais aussi un organisateur et un gestionnaire hors-pair. Pour autant, cette perception si élogieuse du Grand Turc, désormais calife, n'était sans doute pas partagée par tous au XVI e siècle. Depuis la chute de Constantinople, les différents papes cherchent, sans beaucoup de succès, à organiser une nouvelle croisade contre les Ottomans 1. De nombreuses prophéties tendent à faire du sultan, comme cela avait été le cas de ses prédécesseurs, au premier rang desquels Mehmet II, l'incarnation du Mal, la Bête de l'Apocalypse, le précurseur de l'Antichrist 2. Certaines prophéties font l'objet de publications soignées, provenant souvent de milieux dominicains 3. Outre ces textes, on constate que de multiples images circulent, qui dépeignent les Turcs sous un jour apocalyptique 4. C'est dans ce cadre prophétique et iconographique qu'on cherchera à replacer des images de sultans, oeuvres du peintre originaire de Vérone, Jacopo Ligozzi. 2 Quelques années après la bataille de Lépante, en effet, le tout jeune Jacopo Ligozzi produisit une série de dessins représentant des Turcs 5. On ne sait pas grand-chose sur la genèse de cette oeuvre qui comprend environ trente représentations de personnages BIBLIOGRAPHIE Sources ANNIUS DE VITERBE, De futuris Christaniorum triumphis in Saracenos et Turcos, B. Cavallo (éd.), Gênes, 1480.