Dans la continuité d'un processus long de mondialisation, la globalisation exprime une rupture dans les modes de valorisation des capitaux dont l'une des expressions, la privatisation des « biens publics » (santé, formation, éducation, savoir, patrimoine biologique, patrimoine naturel, patrimoines culturel et artistique, patrimoine urbain), ne peut pas être comprise comme simple extension de la logique marchande à un secteur jusque-là protégé. Loin de voir réapparaître l'économie de marché-mythe d'une société atomisée d'individus égaux-face au déclin de l'État, l'enjeu de cette privatisation est l'appropriation monopoliste des droits de propriété sur le vivant, sur la reproduction de la vie biologique et sociale de l'humanité. Les stratégies des grandes entreprises multinationales dans les secteurs de haute technologie sont relativement éclairantes (Paulré, 2000). Ces entreprises visent de plus en plus à recentrer leur activité à deux niveaux : celui du « contrôle » des connaissances (brevets, licences), celui de la « production » de la clientèle (marketing, communication, publicité) 2 , en même temps qu'elles visent à céder les usines de production. La propriété des « moyens matériels de production » semble ainsi de moins en moins au coeur des stratégies de globalisation des firmes. Le cas de l'industrie pharmaceutique, qui connaît des taux de rentabilité parmi les plus élevés et les plus réguliers, est certainement très exemplaire. Les choix des laboratoires pharmaceutiques sont largement déterminés par les impératifs du capital financier : ce qui compte c'est le « pipeline », c'est-à-dire le temps qui s'écoule entre les essais cliniques et la mise sur le marché de nouveaux médicaments. Un tel critère de financement de la recherche influence tant le tri des molécules que les choix des méthodes de la recherche (Pignarre, 2003 : 66-67). A la contrainte imposée par le capital Globalisation et propriété intellectuelle