L’article se propose dans un premier temps de retracer l’histoire de la naissance du drapeau tsigane vert et bleu portant une roue, aujourd’hui reconnu et arboré par des individus et des collectifs se réclamant de l’un ou l’autre des multiples groupes composant la nébuleuse rom/tsigane un peu partout dans le monde. L’enquête se consacre ensuite à présenter une série de cas particulièrement significatifs, depuis le Brésil où l’on a pu célébrer l’officialité du drapeau jusqu’à l’Ukraine. Pourtant, en France comme ailleurs, sa présence reste très discrète dans la vie publique des communautés. À travers ces études de cas, il s’agit de mieux appréhender ce paradoxe de l’hyper-visibilité médiatique de ce drapeau et de sa quasi-invisibilité dans la vie quotidienne, de l’adhésion et du rejet, inséparables de la tension intrinsèque entre une référence, le plus souvent indéterminée à un horizon planétaire, et des ancrages locaux et nationaux très fortement affirmés.