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Depuis le début du mouvement contestataire en Algérie, plusieurs milliers de citoyen·es ont été confronté·es à la répression. Dans un régime autoritaire secoué par un mouvement social de grande ampleur, l’expérience vécue de la répression par les participant·es au hirak renseigne sur les rouages de l’appareil coercitif et sur les interactions qui se déploient entre forces de l’ordre et militant·es. Nous avons fait le choix ici d’étudier les rapports de violence et de négociation entre policier·es et manifestant·es en nous focalisant sur la garde à vue : ainsi, vingt-deux récits de participant·es au hirak réprimé·es dans la ville d’Oran entre 2019 et 2021 ont été recueillis pour analyser la violence d’État et ses effets sur les parcours d’engagement à travers une approche relationnelle de la répression. Les pratiques des forces de l’ordre vis-à-vis des manifestant·es peuvent prendre des formes différentes en fonction de leurs caractéristiques sociologiques : genre, classe sociale, âge, statut matrimonial, niveau d’éducation, etc. L’article donne à comprendre les expériences vécues, les représentations partagées de l’appareil sécuritaire et les conséquences biographiques de la confrontation à la violence répressive par des citoyen·nes primo-engagé·es dans le mouvement du hirak. Cette étude montre d’abord les spécificités de la répression à l’égard des corps féminins et la mise en vulnérabilité de personnes minoritaires. Nous montrons que les forces de l’ordre utilisent des informations relatives à la vie privée pour faire pression sur les catégories marginalisées telles que les femmes célibataires ou les minorités sexuelles. Dans ces cas, la garde à vue sert à l’intimidation et au découragement par la menace et la mise à nu des hirakistes. Mais certaines personnes ont davantage de capacités d’action et de réaction, et les ressources pour résister à la censure et aux pressions des forces de l’ordre. En effet, les militant·es aguerri·es et les jeunes hommes sont davantage habitués à la confrontation à la police qui relève d’une routine répressive. Cette habituation participe à la banalisation de la situation et de la violence qui en découle diminuant ainsi le coût de la répression. Cette recherche met en lumière les répertoires d’action des militants au sein des commissariats et les luttes qui émergent entre contestataires et corps de police autour de symboles disputés par les deux parties. De plus, les appartenances de classe des personnes arrêtées suscitent ce qui s’apparente à une lutte de classes entre militant·es et agent·es de police, les personnes arrêtées étant souvent issues des classes moyennes supérieures. Cependant, ces deux parties ne constituent pas deux blocs homogènes et ennemis. Les gardé·es à vue assistent parfois à des conflits internes à l’institution et sont témoins des concurrences entre les différents corps qui structurent la police. Les personnes réprimées peuvent également nouer des relations de solidarité et d’empathie avec des fonctionnaires de police sur la base de dispositions communes (le genre notamment). L’espace-temps de la garde à vue est ainsi traversé par un ensemble de rapports contradictoires entre violence, résistance et solidarité. Les émotions contrastées que suscitent la violence des arrestations et des interrogatoires ont des conséquences sur les dynamiques d’engagement et de désengagement, parfois même sur les autres sphères de vie pouvant constituer une véritable bifurcation biographique. Si certain·es manifestant·es ont mis fin à leur participation au mouvement à la suite d’une expérience répressive, le peu de recul dont nous disposons ne nous permet pas de conclure à un désengagement définitif. Dans un contexte de plus en plus autoritaire et répressif marqué par une forte démobilisation et un retrait des protestations de l’espace public, les personnes rencontrées se tournent vers d’autres modes d’action, notamment caritatifs, réorientant ainsi leurs engagements de manière informelle à travers des réseaux d’entraide et de solidarité.
Depuis le début du mouvement contestataire en Algérie, plusieurs milliers de citoyen·es ont été confronté·es à la répression. Dans un régime autoritaire secoué par un mouvement social de grande ampleur, l’expérience vécue de la répression par les participant·es au hirak renseigne sur les rouages de l’appareil coercitif et sur les interactions qui se déploient entre forces de l’ordre et militant·es. Nous avons fait le choix ici d’étudier les rapports de violence et de négociation entre policier·es et manifestant·es en nous focalisant sur la garde à vue : ainsi, vingt-deux récits de participant·es au hirak réprimé·es dans la ville d’Oran entre 2019 et 2021 ont été recueillis pour analyser la violence d’État et ses effets sur les parcours d’engagement à travers une approche relationnelle de la répression. Les pratiques des forces de l’ordre vis-à-vis des manifestant·es peuvent prendre des formes différentes en fonction de leurs caractéristiques sociologiques : genre, classe sociale, âge, statut matrimonial, niveau d’éducation, etc. L’article donne à comprendre les expériences vécues, les représentations partagées de l’appareil sécuritaire et les conséquences biographiques de la confrontation à la violence répressive par des citoyen·nes primo-engagé·es dans le mouvement du hirak. Cette étude montre d’abord les spécificités de la répression à l’égard des corps féminins et la mise en vulnérabilité de personnes minoritaires. Nous montrons que les forces de l’ordre utilisent des informations relatives à la vie privée pour faire pression sur les catégories marginalisées telles que les femmes célibataires ou les minorités sexuelles. Dans ces cas, la garde à vue sert à l’intimidation et au découragement par la menace et la mise à nu des hirakistes. Mais certaines personnes ont davantage de capacités d’action et de réaction, et les ressources pour résister à la censure et aux pressions des forces de l’ordre. En effet, les militant·es aguerri·es et les jeunes hommes sont davantage habitués à la confrontation à la police qui relève d’une routine répressive. Cette habituation participe à la banalisation de la situation et de la violence qui en découle diminuant ainsi le coût de la répression. Cette recherche met en lumière les répertoires d’action des militants au sein des commissariats et les luttes qui émergent entre contestataires et corps de police autour de symboles disputés par les deux parties. De plus, les appartenances de classe des personnes arrêtées suscitent ce qui s’apparente à une lutte de classes entre militant·es et agent·es de police, les personnes arrêtées étant souvent issues des classes moyennes supérieures. Cependant, ces deux parties ne constituent pas deux blocs homogènes et ennemis. Les gardé·es à vue assistent parfois à des conflits internes à l’institution et sont témoins des concurrences entre les différents corps qui structurent la police. Les personnes réprimées peuvent également nouer des relations de solidarité et d’empathie avec des fonctionnaires de police sur la base de dispositions communes (le genre notamment). L’espace-temps de la garde à vue est ainsi traversé par un ensemble de rapports contradictoires entre violence, résistance et solidarité. Les émotions contrastées que suscitent la violence des arrestations et des interrogatoires ont des conséquences sur les dynamiques d’engagement et de désengagement, parfois même sur les autres sphères de vie pouvant constituer une véritable bifurcation biographique. Si certain·es manifestant·es ont mis fin à leur participation au mouvement à la suite d’une expérience répressive, le peu de recul dont nous disposons ne nous permet pas de conclure à un désengagement définitif. Dans un contexte de plus en plus autoritaire et répressif marqué par une forte démobilisation et un retrait des protestations de l’espace public, les personnes rencontrées se tournent vers d’autres modes d’action, notamment caritatifs, réorientant ainsi leurs engagements de manière informelle à travers des réseaux d’entraide et de solidarité.
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