Resume: L’archétype du « fou » représente le paradigme du processus de stigmatisation et l’histoire de la folie apparaît comme une tentative de la faire disparaître en la médicalisant au profit de la notion de « maladie mentale ». Les résultats de l’enquête internationale SMPG nous montrent l’échec de la médicalisation de la folie à réduire la stigmatisation. Cette enquête décrit les représentations sociales associées aux archétypes du « fou », du « malade mental » et du « dépressif ». Réalisée en France (67 sites d’enquête) et dans 17 pays (20 sites internationaux), elle décrit les variants et invariants de ces trois archétypes. Elle décrit les facteurs d’une stigmatisation importante pour le groupe « fou / malade mental » : non responsabilité, non contrôlabilité, médicalisation, mauvais pronostic et dangerosité. Quel que soit le pays, le noyau dur des représentations associant folie et danger est enraciné dans l’imaginaire collectif et le « malade mental » porte les attributs d’un « fou » médicalisé. A l’inverse, l’étiquette « dé- pressif » semble plus acceptable et moins exposée à la stigmatisation. Très peu de personnes se reconnaissent dans la représentation collective du « fou » ou du “malade mental”, même celles qui ont des troubles mentaux diagnostiqués. Dès lors, comment sortir de la dichotomie folie/raison, eux/nous à la base du processus de stigmatisation, si pour tout le monde, et même les personnes qui ont des troubles, le fou c’est l’autre? Ce sera peut-être le rôle des patients eux-mêmes de lutter contre la stigmatisation et l’auto stigmatisation dans les années à venir. From the self-stigmatization to the origins of the stigmatization process. With regard to the survey «Mental health in the general population: images and realities» in France and 17 countries Abstract: The archetype of the ‘mad’ represents the paradigm of the stigmatization process and the history of madness appear as an attempt to make it disappear by their medicalization for the benefit of the concept of ‘mental illness ‘. The SMPG international survey results show the failure of the medicalization of madness to reduce stigma. This investigation describes the social representations associated to the archetypes of the ‘mad’, the “mentally ill” and the “depressed”. Made in France (67 sites) and in 17 countries (20 international sites), she describes the variants and invariants of these three archetypes. It describes the factors of significant stigmatization for the group ‘ mad / mentally ill ‘: non-responsibility, non-controllability, medicalization, poor prognosis and dangerousness. Regardless of the country, the hard core of representations combining madness and danger is rooted in the collective imagination and the “mentally ill” bears the attributes of a ‘mad’ medicalized. Conversely, the “depressive” label seems more acceptable and less exposed to stigma. Very few people recognize themselves in the collective representation of the ‘mad’ or the ‘mentally ill’, even those who have diagnosed mental disorders. Therefore, how to exit to the dichotomies madness/reason, us /them that are at the base of the process of stigmatization, if for all the people, and even people who have mental disorders, mad it is the other? This may be the role of the patients themselves to combat the stigma and self-stigma in the years to come.