Pourquoi cette question ?Nous attendions, ces dernières années, la publication d'études démontrant une diminution du taux d'omission ou de CCR d'intervalle (CCRI) du fait des avancées techniques en endoscopie et de la diffusion de critères de qualité appliqués à la pratique de la coloscopie. Sans remettre en cause l'impact de la polypectomie sur l'incidence du CCR, comme étant de l'ordre de 70 % [1-4], son ampleur est actuellement discutée par rapport à sa description initiale [5,6]. Alors que globalement, la coloscopie diminue en population la mortalité par CCR de 3 % avec un risque égal à 0,97 (IC 95 % : [0,95-0,99]) quand la prévalence de la coloscopie complète augmente de 1 % [7], deux études récentes doivent faire reconsidérer les performances de la coloscopie et son impact sur la prévention du CCR. En effet, la dernière étude de double coloscopie menée par la SFED [8] a confirmé que le taux d'omission par patient était encore de 9,4 % pour les adénomes, quelle que soit leur taille, et de 2,1 % pour les adénomes avancés. En outre, le suivi des cohortes à la recherche de CCRI dans une étude prospective a montré à quatre ans certes une diminution mais non significative du taux de CCR observée (2,2 pour 1 000 patient-années) malgré une coloscopie à T0, T1, T2 et T4, soit quatre coloscopies en quatre ans.Ces deux résultats récents invitent à analyser les facteurs qui pourraient être améliorés pour augmenter l'efficacité de la coloscopie et maintenir sa position de référence. Il est donc nécessaire de définir et de choisir avec pertinence les critères susceptibles non pas de simplement surveiller la qualité de l'examen mais de s'assurer de son impact attendu sur la mortalité par CCR. En effet, ces deux phénomènes, le taux d'omission et la notion de CCRI, ont rapidement fait évo-quer une relation de cause à effet [9] et des quotas de taux de détection des adénomes (TDA) ont été proposés comme critères de qualité primordiale avec dans certains pays une logique de valorisation financière de la part des assureurs (pay for performances). Ainsi, un TDA de 15 et 25 % chez la femme et chez l'homme a été proposé par l'US Task Force sur la base d'une étude rétrospective et transversale de sujets à risque moyen de CCR, âgés de plus de 50 ans [10]. Au-delà de la question du choix ou de la justification des quotas, une telle validation ne peut servir actuellement de référence scientifique étant donné le caractère rétrospectif et l'approximation faite dans ces études du temps de retrait du coloscope, facteur expliquant partiellement les variations interobservateurs du TDA. Mis à part ces aspects méthodologiques, quels critères ou quotas adopter pour atteindre l'objectif principal, c'est-à-dire une diminution significative des CCRI ?Quel est le taux de CCRI (TCCRI) après coloscopie ?Les données sur les CCRI après coloscopie semblent à première vue discordantes [11][12][13][14][15][16][17][18][19][20]. La première analyse rétro-spective a chiffré parmi 941 CCR à 5 %, le TCCRI mais 12/27 CCR siégeaient dans la partie distale du c...