La construction identitaire est un processus complexe qui se situe au croisement de la dimension synchronique du sujet qui entre en relation dans le présent (affiliation) et de la dimension diachronique qui inscrit le sujet dans une historicité (filiation). Au-delà des relations verticales aux parents et aux grands-parents, l’identité se bâtit également à partir des relations horizontales. Il existe chez les frères et soeurs une identité commune, partagée et, en parallèle, chaque membre de la fratrie tend à se différencier des autres. Or le mouvement migratoire s’accompagne cependant souvent, pour le sujet, d’une rupture des processus de transmission et d’un remaniement des identifications. Nous posons donc les questions suivantes : Comment le processus migratoire vient-il réaménager les liens familiaux et en particulier les liens fraternels? Les liens fraternels peuvent-ils servir de support à la négociation identitaire et à l’intégration du sujet migrant? Si oui, sous quelles formes? Cette recherche porte ainsi sur la construction de l’identité de jeunes adultes immigrants au Québec. Plus précisément, nous nous intéressons aux enjeux et aux processus impliqués dans la construction identitaire, en lien avec les relations fraternelles d’une part, et avec le processus migratoire d’autre part. Il s’agit d’une méthodologie qualitative à l’aide de laquelle nous avons conduit des entrevues avec sept adultes (trois entrevues chacun) afin d’explorer avec eux l’évolution de leurs relations familiales et fraternelles ainsi que leur expérience interculturelle. La première phase d’analyse des résultats est achevée et révèle que les frères et soeurs peuvent représenter à la fois une figure de continuité coexistant avec le déracinement provoqué par l’immigration, contribuer à la création de nouveaux liens d’affiliation dans la société d’accueil et participer à la renégociation identitaire du sujet.