La crise sanitaire qui s’est déclarée en 2020, par les contraintes qu’elle a fait peser sur les entreprises et la société, a généré des formes de mise à distance du travail (confinement, télétravail, jauges d’occupation des locaux, etc.). La continuité de l’activité économique s’est réalisée, dans de nombreux secteurs, par le recours massif aux technologies numériques, notamment de visioconférence. Ces modalités nouvelles ont reconfiguré les communautés de travail exerçant traditionnellement en présentiel. Ce sont dès lors les territoires du travail, c’est-à-dire les écosystèmes de relations structurant l’agir productif commun, qui se sont vu profondément restructurés. Les ergonomes n’ont pas échappé à ces bouleversements, leurs territoires d’intervention se voyant bousculés autant que les territoires du travail des bénéficiaires de leurs prestations se sont transformés. Cet article se propose de rendre compte comment de nouveaux territoires d’intervention de l’ergonomie ont pu être explorés par l’application de ce geste professionnel qu’est celui de la simulation du travail dans un contexte où il ne pouvait être mené, comme à l’habitude, de façon présentielle. Après avoir précisé les notions de territoires d’intervention et rappelé les exigences méthodologiques de la simulation du travail, trois interventions engagées sur l’année 2020 dans le contexte pandémique sont détaillées. Elles rendent compte de la naissance et de la consolidation de la simulation du travail à distance, que l’on peut aussi nommer simulation distancielle. Ces interventions ont permis d’investir, malgré la distance, trois domaines privilégiés de l’ergonomie : le conseil en prévention, la conception de situations de travail et la formation.