L'expression des déplacements chez l'enfant sourd en langue des signes françaiseMarie-Anne Sallandre, Cyril Courtin, Ivani Fusellier Souza et Marie-Thérèse L'Huillier L'expression des déplacements a fait l'objet de nombreuses recherches en acquisition des langues vocales et de quelques travaux dans plusieurs langues des signes, mais pas en langue des signes française (LSF). Ce travail est donc une première étude des déplacements en LSF par comparaison au français oral. Le corpus, issu de données plus vastes, est composé de trois études de cas provenant des productions d'un adulte sourd et de deux enfants sourds de 8 ans. L'analyse qualitative montre une densité sémantique importante dans les énoncés en LSF marquée par l'utilisation de deux structures à fort degré d'iconicité appelées transferts. Les transferts personnels expriment plutôt la manière tandis que les transferts situationnels expriment simultanément la trajectoire et la manière, alors qu'en français, le verbe exprime le plus souvent la trajectoire seule, la manière devant être exprimée par un élément externe. De plus, les sujets sourds enchaînent quasi systématiquement deux structures pour exprimer deux points de vue sur un même déplacement, ce qui ne se retrouve pas fréquemment en français. Ainsi, cette première étude montre peu de différences entre les sujets enfants et adulte en LSF, mais des différences notables entre français et LSF.Mots clefs : langue des signes française (LSF), français, acquisition, enfant sourd, déplacement, densité sémantique, simultanéité 1. Notre traduction : « En résumé, chaque langue dispose d'un éventail d'options grammaticales pour exprimer le déplacement, mais les facteurs typologiques déterminent partiellement quelles options sont les moins marquées sémantiquement ou les moins complexes structurellement, de manière à ce que ces options soient le plus accessibles et plus facilement utilisées ».