Il est difficile de dissocier une représentation de la réalité, d’autant plus que cette représentation est historiquement un instrument de pouvoir, de manière directe ou indirecte. Il faut préciser que la carte n’est pas le territoire, ni la réalité. Le territoire n’est pas neutre, il n’est pas non plus vide, il est avant tout la relation entre les sujets qui l’habitent et le pensent. Lorsque le territoire est pensé au moyen de la cartographie et à partir de l’évolution de ses techniques, une certaine organisation de l’espace s’impose et, avec elle, des stratégies de domination (Brunet, 1980). La cartographie, en tant qu’instrument de connaissance et de pouvoir, est capable de créer un imaginaire sur un certain territoire. C’est précisément sur ce pouvoir des cartes sur le territoire que se fonde le présent article. À partir de l’analyse des représentations territoriales de plateformes telles que Google Maps, la carte en tant qu’instrument de pouvoir est mise en question : pourquoi certains territoires ne sont-ils pas représentés et d’autres sont-ils « sur-représentés » ? De la non-représentation dans ces plateformes de territoires dits en litige, on conclut que, bien qu’elle ne soit pas le territoire, la carte a une grande influence sur celui-ci, ou du moins sur son imaginaire1.