Dans cette contribution, nous étudions l’expression linguistique artistique dans une sélection de trois bandes dessinées sur la Première Guerre mondiale qui furent publiées environ cent ans après la fin de la guerre. Pour ce faire, nous confronterons ce langage stylisé à l’usage linguistique authentique de poilus tel qu’il apparaît dans leur correspondance privée et dans les carnets de guerre. Sous l’angle du lexique, les textes authentiques et les textes artistiques se caractérisent par une même affinité avec le français populaire et familier et, dans une moindre mesure, avec l’argot des tranchées. L’oralité mise en scène dans les BD et caractérisée comme oralité simulée se distingue en revanche par un emploi plus ludique de la langue et par un nombre plus élevé de vulgarismes par rapport aux documents authentiques. De plus, le caractère fictif et stylisé des BD contribue à une variation plus prononcée de lexèmes argotiques, populaires et familiers, notamment dans la désignation de l’ennemi allemand, que nous ne trouvons pas chez les scripteurs soldats contemporains de la Première Guerre mondiale.