Cet article se propose d’explorer une facette peu étudiée des communs, et pourtant essentielle à leur émergence, à leur pérennité et à leur accessibilité : l’opérationnalisation de leur financement. C’est à travers le cas du Bâtiment 7, une fabrique d’autonomie collective située dans un quartier populaire de Montréal, que nous défendons l’hypothèse selon laquelle le chemin vers la viabilité financière ne se résume pas à un enjeu managérial, mais constitue un travail intrinsèquement politique qui s’inscrit au coeur du processus de mise en commun. À cette fin, notre analyse se déroule en deux temps. D’une part, par souci de contextualisation, nous nous réapproprions la littérature scientifique sur les communs pour caractériser le projet du Bâtiment 7. Cela nous permet d’identifier certaines de ses singularités qui ont des répercussions économiques déterminantes sur le plan de sa faisabilité. D’autre part, nous mobilisons les données d’une recherche partenariale en cours avec le Bâtiment 7 et des bailleurs de fonds pour mettre en scène les tensions structurantes qui résultent de ce que nous appelons la micropolitique du financement. Ce terme désigne tant les choix politiques qui fondent les orientations financières que les expérimentations par lesquelles sont mises en cohérence les modalités de financement et la mission de l’organisme.