L'ischémie cérébrale est la résultante d'une insuffisance ou d'un arrêt d'apport sanguin cérébral entraînant une suppression des apports en glucose et en oxygène. Elle peut être provoquée par un accident vasculaire céré-bral (thrombose, compression ou rupture artérielle) et affecter ainsi un territoire délimité (ischémie focale) ou bien toucher tout le cerveau dans le cas d'un arrêt cardiaque temporaire (ischémie globale). La durée de l'ischémie et l'étendue des zones détériorées détermi-nent la gravité des répercussions cérébrales. Après un tel épisode, les lésions cérébrales continuent de s'éten-dre au cours du temps [1], et l'un des objectifs d'une prise en charge médicale consiste à essayer de limiter cette expansion. Un épisode hypoxique-aglycémique provoque un dysfonctionnement neuronal quasi-immédiat puis une mort cellulaire consécutive très rapide si l'arrêt de perfusion dépasse la dizaine de minutes. Dans cette synthèse nous présentons les mécanismes cellulaires à l'origine de la dégénérescence neuronale retardée, et impliqués dans l'expansion de la lésion cérébrale. Ils ne concernent donc que les tissus touchés par une isché-mie globale transitoire de durée limitée et en partie les tissus des zones péri-lésionnelles (zone dénommée pénombre) affectées à la suite d'une ischémie focale.
Vulnérabilité neuronale et mort retardée des neuronesLors d'une ischémie globale temporaire (provoquée par exemple par un arrêt cardiaque transitoire de quelques minutes) deux phénomènes inattendus apparaissent (Figure 1) : (1) Toutes les zones du cerveau ne présentent pas la même vulnérabilité. La région préoptique, le cortex, l'hippocampe et le striatum sont des régions très sensibles à l'ischémie. Au sein d'une même structure cérébrale comme l'hippocampe, les neurones pyramidaux des régions CA1 meurent alors que les neurones pyramidaux de la région voisine CA3 survivent à une ischémie transitoire de quelques minutes. Il existe donc une vulnérabilité particulière de certaines structures cérébrales et plus particulièrement de certains types neuronaux [2,3]. Réciproquement, cette observation indique que certains types de neurones ont développé des mécanismes neuroprotecteurs endogènes ou bien ont une constitution qui les rend moins sensibles. En comparant soigneusement la réponse ischémique distincte dans ces deux types cellulaires, il devrait donc être possible d'identifier les composants moléculaires > L'ischémie cérébrale transitoire induit une mort neuronale retardée de certains types cellulaires et régions cérébrales mais épargne des neurones d'autres territoires. Un processus clé par lequel la privation d'oxygène et de glucose déclenche la mort cellulaire est l'accumulation excessive de glutamate menant à une hyperexcitabilité neuronale. Cet article propose une mise à jour des connaissances sur les mécanismes neurophysiologiques cellulaires et moléculaires générant la plasticité post-ischémique des récepteurs NMDA. Nous la focaliserons sur l'étude des neurones pyramidaux CA1 vulnérables comparés aux neurones résistan...