Tout cela remonte un petit peu (environ dix ans) et n'a pas toujours été noté dans des carnets de terrain. Il s'agit de souvenirs d'une enquête sur les évolutions de la transmission et de l'apprentissage dans le monde de la lutherie. Ces souvenirs traitent de moments, de gestes et de choses dissemblables, qui ont à voir avec diverses « localisations » du savoir-faire et sa propriété, avec la façon dont il circule ou se bloque, avec également la singularité du geste cinématographique qui, comme toute activité technique, nécessite également un savoir-faire. Ces souvenirs mettent également au jour certains enjeux de pouvoir qui peuvent accompagner la circulation des savoir-faire. Mots-clés : Lutherie. Savoir-faire. Conflits. Secret. Propriété. Film.Tout cela remonte un petit peu (environ dix ans) et n'a pas été noté dans des carnets de terrain. Il s'agit de souvenirs qui me restent d'une enquête sur les évolutions de la transmission et de l'apprentissage dans le monde de la lutherie (principalement du quatuor) initiée par le Musée de la lutherie et de l'archèterie française, grâce à un financement de la Direction régionale des Affaires culturelles de Lorraine et de la municipalité de Mirecourt. Ce qui devait être une « mission » en vue de la rédaction d'un projet de film s'est transformé en une enquête plus aboutie, au terme de laquelle j'ai écrit plusieurs textes 1 et réalisé plusieurs films 2 . Un long métrage et un article font plus particulièrement la synthèse de ces recherches [Buob, 2012 ; 2013]. Pour ce film, j'ai travaillé avec une petite société de production dont je suis proche, un diffuseur peu regardant et obtenu plusieurs financements. Que ce soit pour l'enquête ou la réalisation (même si lors du terrain les deux se mêlaient), j'ai eu une entière liberté. Si j'étais à Mirecourt pour répondre à une commande, jamais ceux qui m'avaient mandaté ou financé ne m'ont imposé une voie à suivre. Valérie Klein, la responsable du musée qui sait ce qu'est l'ethnologie et ne la confond pas avec une entreprise patrimoniale, m'a laissé carte blanche et je l'en remercie.Lors de cette enquête, j'ai séjourné plusieurs mois à Mirecourt dans un appartement mis à ma disposition par la mairie. J'ai alors rencontré les luthiers et les luthières, ainsi que les archetiers et les archetières exerçant sur place ; j'en ai croisé d'autres en certaines occasions (lors de la fête de la Sainte-Cécile notamment), parfois dans d'autres villes (Paris et Angers). J'ai également écouté, 1 Le présent texte se nourrit pour partie de ces publications qui peuvent être consultées en libre accès ici : https://halshs.archives-ouvertes.fr/search/index/?q=%2A&authIdHal_s=baptiste-buob. 2 Tous ces films sont consultables ici : https://vimeo.com/showcase/3155392.