Pour un tissu donné, deux paramètres contribuent à sa croissance [1] : la taille moyenne des cellules et leur nombre ; ce dernier augmente avec les divisions cellulaires et diminue par l'élimination de cellules par apoptose (ou mort cellulaire programmée). Ces paramètres font l'objet d'un contrôle génétique précis au cours du développement. D'une part, l'on observe une régulation spécifique de la croissance d'un organisme dans son ensemble [2] (illustré par le fait qu'un éléphant a une taille d'éléphant, très différente de celle d'une souris). D'autre part, il existe un contrôle spécifique à chaque organe, qui garantit un corps final dont les proportions relatives respectent le plan d'organisation d'une espèce donnée (et mis en évidence par l'observation que les éléphants d'Afrique ont de plus grandes oreilles que ceux d'Asie). La mouche drosophile, nettement plus utilisée que l'éléphant par les généticiens pour des raisons éviden-tes de taille et de temps de génération, a grandement contribué à améliorer notre compréhension de ces différents mécanismes. Et plus particulièrement leurs disques imaginaux, des tissus larvaires qui, après une croissance très importante au cours du développement post-embryonnaire, sont à l'origine des différents tissus adultes. Leur croissance au cours des stades larvaires détermine en grande partie la taille finale de l'organe adulte, et dépend de contrôles génétiques propres au tissu. Cela a été élégamment démontré par la greffe dans l'abdomen d'une femelle adulte d'un jeune disque imaginal d'aile. Indépendamment de potentiels signaux présents dans la larve dont il provient, ce disque croît, puis s'arrête quand il a atteint une taille identique à celle des disques non transplantés en fin de dévelop-pement larvaire [3]. Les mécanismes moléculaires qui « mesurent » ainsi la taille d'un organe et leur impact sur les caractéristiques cellulaires du tissu (proliféra-tion, apoptose et taille des cellules) sont encore très mal compris. La voie Hippo (ou SWH pour Salvador, Warts, Hippo), qui a été nouvellement découverte chez la drosophile, offre un point d'entrée dans l'étude de ce phénomène [4-6]. Cette revue s'attachera à décrire les principaux composants de cette voie, leur fonction dans la régulation du nombre de cellules d'un tissu et leurs interactions avec d'autres voies de signalisation.
Le coeur de la voie HippoLe noyau central de cette voie de signalisation est composé de deux kinases, Warts et Hippo, et de partenaires nécessaires à leur fonction, Salvador et Mats.> Les mécanismes moléculaires contrôlant la taille des organes au cours du développement sont encore mal compris. La voie Hippo, récemment découverte chez la mouche drosophile, contrôle l'arrêt de la croissance des organes quand ils ont atteint leur nombre final de cellules. Pour ce faire, cette cascade de phosphorylation réprime la transcription de gènes favorisant la prolifé-ration et la survie. La mutation des gènes responsables de cette répression a donc pour effet de produire des excroissances. Les régulations agi...