Des plongées techniques (TEK) en recycleur et mélanges gazeux spéciaux ont été réalisées autour de l’île de Mayotte sur les pentes externes récifales à des profondeurs comprises entre 50 et 120 m, et plus particulièrement aux alentours de 70-80 m, de 2017 à 2020. L’objectif de ces plongées était de réaliser un premier inventaire faunistique de la zone mésophotique, difficile d’accès et encore mal connue. Ce travail présente les résultats obtenus pour le groupe des Crustacés Décapodes et Stomatopodes avec au total 44 espèces photographiées en haute définition, dont 30 déterminées avec confiance, sept avec doute et sept identifiées provisoirement, peut-être nouvelles pour la nomenclature taxonomique. Les crevettes carides (16 espèces), les anomoures (15 espèces) et les crabes (sept espèces) sont les trois taxons les mieux représentés. Les stomatopodes, crevettes sténopides, langoustines et langoustes comptent chacun deux espèces. Ces observations permettent d’ajouter 32 nouvelles espèces à la faune mahoraise, dont quatre signalements nouveaux pour l’océan Indien. Les espèces sont présentées dans une liste illustrée avec une sélection de photographies. La liste est documentée avec indication des travaux ou guides consultés, des commentaires sur les déterminations et la mise à jour des distributions géographiques et bathymétriques. Pour 15 espèces traditionnellement observées sur des petits fonds (< 50 m), la profondeur maximale est augmentée entre 3 et 45 m. Plus de la moitié des espèces sont des formes libres (26 espèces). Les autres vivent en association avec les coraux ou hydraires (12 espèces), échinodermes (trois espèces), poissons (deux espèces) et éponges (une espèce). Quelques espèces sont à tendance cavernicole, observées dans des grottes ou sous des surplombs. À partir des données d’inventaire des Crustacés Décapodes de l’outre-mer tropical français, 212 espèces sont identifiées comme potentiellement présentes dans la zone mésophotique de Mayotte. Le présent inventaire de 44 espèces est donc assez modeste mais les photographies réalisées in situ permettent de mettre en évidence certaines associations ou modes de vie qui n’étaient pas soupçonnés avec les moyens d’étude classiques. À l’avenir, les observations pourront être améliorées en accordant plus d’importance aux coquilles, parfois occupées par des Bernard l’ermite non déterminés car photographiés de trop loin, et/ou en effectuant des plongées de nuit, lorsque les Crustacés sont plus actifs. La poursuite de ce programme de recherche prévoit la récolte de quelques spécimens, en particulier pour les espèces reconnues comme probablement nouvelles pour la nomenclature taxonomique.