L'auteur examine dans cet article l'élaboration d'un discours sur l'agriculture, qui encourage l'adoption d'un travail de conservation du sol comme agriculture écologiquement durable. L'analyse débute par l'argument selon lequel ce discours est né dans les années 1980, en réponse aux conséquences sur l'environnement de l'agriculture classique. On soutient ensuite que l'attention portée au travail du sol plutôt qu'à d'autres solutions de rechange quant à ces impacts, attention qui doit être comprise dans le cadre d'une analyse plus large des développements politico‐économiques dans le domaine de l'agriculture au Canada. On a déterminé que les intérêsts contradic‐toires des divers secteurs de l'industrie agroalimentaire, en ce qui concerne le maintien de l'utilisation de produits chimiques coûteux et le contrôle des prix payés aux agriculteurs dans le contexte de la crise économique de l'agriculture, jouaient un rôle essentiel dans l'attention portée au travail du sol. On soutient que le travail de conservation du sol permet de régler ces contradictions de deux façons. Tout d'abord, le travail de conservation du sol a fourni une base pour affirmer que les problèmes de pollution chimique et d'épuisement du sol étaient en train d'être résolus sans que soient nécessaires des changements plus substantiels dans le système de production à base chimique. Enfin, il offrait aux agriculteurs un moyen et une raison de réduire les coûts de production devant les crises constantes relatives aux prix et a la rentabilité des fermes.
This paper examines the development of a discourse within agriculture which promotes the adoption of conservation tillage as environmentally sustainable farming. The analysis begins with the argument that the discourse emerged during the 1980s as a response to the environmental impacts of conventional agriculture. It is then argued that the focus on tillage practices over other alternative solutions to these impacts must be understood within a broader analysis of the political‐economic developments in Canadian agriculture. The contradictory interests of the various sectors of agribusiness capital, both in sustaining the use of expensive chemical inputs and in controlling the prices paid to farmers within the context of the farm economic crisis, are identified as playing a vital role in shaping the focus on tillage practices. It is contended that conservation tillage offered a means of mediating these contradictions in two ways. First, conservation tillage provided a basis for the claim that chemical pollution and soil depletion problems were being resolved without the need for more substantial changes in the chemically‐based production system and, second, it gave farmers a means and a rationale for cutting production costs in the face of continuing crises in prices and profitability at the farm gate level.