Éditorial> Bien que le concept de récepteurs membranaires date de la fin du XIX e et du début du XX e siècle, avec les travaux de Ehrlich, Langley, Alhquist et d'autres [1], et que l'identification d'une sous-famille de récepteurs interagissant avec des protéines liant les nucléotides guanylés (protéines G) remonte aux années 1960 [2], l'étude des récepteurs couplés aux protéines G (RCPG) demeure plus actuelle que jamais. Les RCPG, qui sont la cible de plus de 30 % des médicaments prescrits, continuent de nous révéler de nouveaux aspects de leur mode de fonctionnement, ce qui laisse présager qu'ils seront, pour de nombreuses années encore, des candidats de choix pour le développement de nouveaux médicaments, plus actifs et adaptés à de nouvelles indications cliniques. Avec plus de 800 membres, les RCPG constituent la plus grande famille de protéines membranaires impliquées dans le transfert d'information de part et d'autre des membranes biologiques. Ils reconnaissent et traduisent l'information portée par une très grande diversité de signaux, incluant la lumière, des molécules odorantes, des ions, des acides aminés, des amines biogènes, des lipides, des peptides et des glycoprotéines. Acteurs centraux dans l'élaboration des réponses aux hormones et aux neurotransmetteurs, ils sont au coeur de processus aussi variés que la vision, l'olfaction, le goût, la croissance cellulaire, le chimiotactisme et l'entrée cellulaire de certains virus et bactéries. Il n'est donc pas étonnant qu'ils aient été, et demeurent, un sujet d'étude riche qui continue de fasciner de nombreux chercheurs. La représentation classique des RCPG est celle de protéines à sept domaines transmembranaires qui, lorsqu'elles sont liées par leurs ligands respectifs, peuvent activer une protéine G hétérotrimérique, laquelle, à son tour, module l'activité d'enzymes, de canaux, de transporteurs ou d'autres effecteurs, enclenchant ainsi une cascade de signalisation intracellulaire aboutissant à une réponse biologique. Les travaux réalisés au cours de ces dernières années, exploitant les outils de la biochimie, de la biologie moléculaire et cellulaire et, plus récemment, de la biologie structurale, ont permis d'affiner et dans certains cas de bouleverser nos idées reçues au sujet des RCPG, avec des implications importantes pour le développe-ment de nouveaux médicaments.
De la métaphore statique de la clé et de la serrure…Pour citer Richard Lewontin [3] « Il n'est pas possible de faire de la science sans utiliser un langage rempli de métaphores […] le prix à payer est une éternelle vigilance. » Une des métaphores souvent utilisée pour décrire les RCPG est celle de la clé et de la serrure : le ligand est une clé qui, en se liant au récepteur, fait passer la serrure d'une position fermée (récepteur inactif) à une position ouverte (récepteur actif). Cette image, souvent utilisée encore dans les livres et textes de références, est malheureusement assez éloignée de la réalité. La nomenclature connaît, elle aussi, ses dangers. En nommant les récepteurs à sept dom...