Discipline frontière en quête d’un statut autonome au sein des sciences du langage, la Terminologie reste aujourd’hui orpheline d’un appareil conceptuel suffisant et d’un discours s’appuyant sur des modes de description objectifs. En réalité, à en juger par l’abondance des publications récentes, les théories de la Terminologie sont disparates, éclectiques et les pessimistes sont même tentés de parler d’enlisement, voire de crise(s) d’identité. Ils n’ont pas tout à fait tort. Un état des lieux s’impose. Qui veut bien suivre le parcours de la pensée terminologique aura tôt fait d’en constater les discordances et les blocages, les lacunes, en dépit des avancées réelles comme la prise en compte de la phraséologie et du texte complet, et la mise en perspective des aspects sociolinguistiques et cognitifs. Un bref coup d’oeil rétrospectif s’impose pour rappeler comment, dès le début des années 1970, les chercheurs ont fait leur profit de l’approche interlinguistique (au sens de linguistique différentielle) pour se déprendre des axiomes de la Terminologie d’obédience wüsterienne et pour montrer que les terminologies ne se démarquaient pas aussi radicalement de la langue générale que d’aucuns l’avaient supposé, qu’elles constituaient des polysystèmes complexes qui présentent en un rapport dialectique à la fois motivation et convention, monosémie et polysémie, analogies et anomalies, et concurrences synonymiques. L’heure étant aux bilans et aux prospectives, nous nous risquerons à faire quelques projections au triple plan des pratiques, des praxéologies (science des praxis) et de la recherche fondamentale.A border discipline in search of an autonomous status within language sciences, Terminology today remains deprived of a conceptual tool and a discourse based on objective methods of description. In reality, judging from the abundance of recent publications, Terminology theories are disparate and eclectic. Pessimists refer to a decline if not an outright identity crisis. They are not entirely wrong. What is needed is a state of the art. Those willing to pursue the course of the terminological thought soon notice the conflicts, the barriers, and the gaps. Nonetheless, real progress has been made, such as taking phraseology and the complete text into consideration, and putting into perspective sociolinguistic and cognitive aspects. A quick retrospective glance reminds us how researchers, even from early 1970, began benefitting from the interlinguistic approach (in the sense of differential linguistics) to detach themselves from axioms of the Terminology of Wusterian obedience and to demonstrate that terminologies were not as radically distant from the general language as some presumed, that they constituted complex polysystems that present, in a dialectical relation, both motivation and convention, monosemy and polysemy, analogies and anomalies, and synonymical concurrences. Since this is the time for assessments and perspectives, we will venture to reflect on the three levels of practice, praxeology and fundamental research