Cet article vise à comprendre comment les spécialistes de l'analyse d'opinion sur le web remédient à l'indétermination sociodémographique généralisée des traces conversationnelles qui constituent leur matériau. En l'absence de toute variable classique, il leur faut en effet trouver des formes collectives alternatives pour incarner et imputer les tendances d'opinion qu'ils analysent. A travers le cas de la société Linkfluence (Paris, France), nous montrons comment est élaboré un paradigme alternatif, fondé sur le concept de « communautés en ligne », par lequel les sites sont catégorisés en fonction de leur profil hypertexte et de leur thématique. Dès lors, la sélection des communautés thématiques liées à un sujet donné donne à voir un nouveau mode d'échantillonnage délibérément asymétrique, où seuls ont la parole les sites mobilisés et influents.Mots-clés : opinion, web, communauté, échantillonnage 1 Par opposition avec les dizaines de milliers de répondants aux « votes de paille » organisés jusqu'alors par le Literary Digest. Sur les votes de paille, voir Herbst (1995). 2 Sur la promotion par P.F. Lazarsfeld du sondage comme instrument des sciences sociales, voir également Blondiaux (1990) et Pollak (1979.