Si l'on connaît le rôle que peuvent jouer le sexe, les performances et l'origine socio-économique sur les aspirations professionnelles des jeunes, peu d'études ont porté sur des données issues d'enquêtes internationales pour analyser l'effet de la motivation et des émotions sur ces aspirations. En s'appuyant sur les données de l'étude PISA 2003, cet article étudie l'impact de ces variables sur les aspirations professionnelles des jeunes de 15 ans dans différents pays. Sous contrôle des variables sociodémographiques et de performance, les variables motivationnelles et émotionnelle ont un effet propre relativement faible, auquel s'ajoute toutefois un effet conjoint. Par ailleurs, nos résultats mettent en évidence un double déterminisme social sur les aspirations professionnelles : d'une part celui lié à l'origine sociale et culturelle de l'individu lui-même et d'autre part celui lié à la composition de l'école fréquentée.Mots-clés (TESE) : carrière, motivation, PISA, système éducatif.
INTRODUCTIONDès le plus jeune âge, les enfants se projettent dans le futur en imaginant le métier qu'ils voudraient exercer « lorsqu'ils seront grands ». C'est toutefois à l'adolescence que se structurent réellement les premiers projets d'avenir conscientisés. Ainsi, les jeunes adolescents, après une phase « imaginaire sans imagination » (de 10-11 ans à 13-14 ans) durant laquelle ils se conforment à des projets stéréotypés partagés par un grand nombre de jeunes, vont s'orienter vers un registre plus « stratégique et scolaire » (Dumora, 2004), notamment suite à la prise de conscience des enjeux de l'orientation et de la hiérarchie des professions. Dès 15 ans, les jeunes intègrent progressivement une série de facteurs susceptibles de contraindre leurs projets d'avenir. Ils commencent ainsi à adapter leurs aspirations professionnelles à leurs résultats scolaires, à leur orientation d'étude actuelle (selon la filière d'enseignement fréquentée ou envisagée dans un futur proche dans l'enseignement secondaire) et aux possibles orientations futures qui en découlent (poursuite d'études supérieures -de type court ou long -ou entrée sur le marché du travail à la fin des études secondaires, voire avant). Comme le dit Dumora (2004), à l'adolescence, la plupart des adolescents passent en quelque sorte « des mythes aux normes ».De nombreuses variables entrent en jeu pour façonner les aspirations professionnelles des jeunes, comme l'attestent les nombreuses recherches menées dans ce domaine. Tout en prenant en compte les résultats de recherches précédentes (notamment l'influence du sexe, du statut socio-économique, de la performance et de variables liées à la composition des établissements), la présente étude envisage cette question sous l'angle des variables motivationnelles et émotionnelle. Elle s'appuie sur une analyse secondaire des données de l'étude PISA 1 2003, année où les mathématiques étaient le domaine majeur, investigué non seulement sous l'angle des performances cognitives mais aussi sous l'angle des variables motivationnelles et émotio...