Résumé
Dans l’univers du remodelage généralisé du vivant, où la chirurgie esthétique n’est qu’un symptôme d’une vague de réification et d’instrumentalisation du corps humain, marquant de son empreinte l’élaboration même de la pensée et de la culture, comment penser ces transformations du corps, ce roc du réel, ce creuset des métaphores sexuelles et ce support vivant de l’Être et de l’Altérité ? Comment comprendre ce recours croissant aux prothèses, liposuccions, lifting, etc. prétendant permettre, à corps défendant ou à corps perdu, de conjurer les signes du temps, d’ajouter une plus-value identitaire ou de s’échapper de soi-même ? Quand ces chirurgies s’inscrivent dans un contexte de technologies convergentes et d’essor du génie tissulaire, comment ne pas s’inquiéter du silence de l’État face à ce marché du remodelage corporel et à ses dérives ?