Cette contribution s’intéresse aux rapports entre mobilité, espace et soufisme dans une région du globe, la vallée de l’Indus couvrant plusieurs provinces du Pakistan, où cette forme de religiosité musulmane est fortement ancrée. Une contextualisation historique permet tout d’abord de comprendre comment le soufisme en tant que mouvement dévotionnel s’est diffusé avec l’avancée de l’islam dans cette région, le long de plusieurs « fronts pionniers » (économique, urbain, religieux) et selon divers régimes de mobilité (conquête militaire, itinérance, commerce). Ensuite, à travers l’étude du cas d’une catégorie de soufis en particulier, celle de renonçants de type qalandar , dont l’un de ses représentants est ancré dans une petite localité de la province du Sindh, nous analysons l’articulation entre circulation itinérante et implantation locale du culte des saints. Enfin, grâce à l’outil conceptuel de l’« espace mobile », la dimension mouvante de la complexe organisation rituelle et spatiale de cette localité est mise au jour au-delà de la fixité apparente du grand sanctuaire où repose la dépouille mortelle du saint.