Résumé de l'articleDans cet article, le consensus, défini comme le consentement de tous les citoyens, est présenté comme remplissant la fonction d'optimum de premier rang [first best] pour une partie de la tradition libérale quant à la légitimité politique. Le consensus fonderait la société libérale qui, lorsque hors d'atteinte, nécessiterait d'être approximer au travers, par exemple, du vote (règle majoritaire). Je m'appuie sur les timides tentatives en théorie politique d'utiliser le théorème de l'optimum de second rang [second best] comme outil pour résoudre des prises de décision difficiles en théorie politique appliquée. Plus précisément, je défends l'idée que le consensus serait l'optimum de premier rang pour une partie de la tradition libérale quant à la légitimité politique. De plus, j'illustre comment les désaccords moraux, factuels (et, incidemment, épistémologiques) peuvent créer des problèmes d'optimum de second rang, en particulier en termes de stabilité. Enfin, j'expose quelques raisons pour lesquelles de tels problèmes affectent directement un ordre libéral, d'un point de vue pragmatique. Le but final est de contribuer aux littératures sur la légitimité et sur l'application du théorème d'optimum de second rang à l'extérieur des sciences économiques. L'idée principale est de souligner qu'il reste beaucoup de travail afin d'« importer » le théorème d'optimum de second rang en théorie politique.
ABSTRACT:In this article, consensus, defined as the consent of all citizens, is argued to be the first best for part of the liberal tradition on political legitimacy. Consensus would be the foundation of the liberal society that, when out of reach, needs to be approximated through, for instance, voting (majority rule). I build on the timid attempts in political theory at using the theorem of the second best as a tool to settle difficult decision making in applied political theory. More precisely, I defend the view that consensus would be the first best for part of the liberal tradition on political legitimacy. Furthermore, I illustrate how moral, factual, (and, incidentally, epistemological) disagreements may create second-best problems, especially in terms of stability. Finally, I spell out some reasons why such problems directly affect a liberal order, on pragmatic grounds. The final purpose is to contribute to the literatures on legitimacy and on the application of the theorem of the second best outside economics. The key idea is to stress that much more work has to be done for "importing" the theorem of the second best into political theory.