Au-delà de ses vertus émancipatrices, conduisant à la domination des athlètes kényan·e·s au niveau sportif, y compris pour des athlètes de second rang, le marché des courses sur route françaises s’est construit comme un espace sportif alimentant les formes de discrimination se fondant sur une logique nationale, voire racialiste, mais aussi sexuée, plaçant les athlètes kényans et plus encore kényanes en situation défavorable. Cette étude socio-historique s’appuie sur l’analyse d’archives ainsi que sur 15 entretiens semi-directifs menés auprès d’organisateurs de courses, d’agents sportifs, de responsables de la Fédération Française d’Athlétisme (FFA) et d’athlètes kényan·e·s. Les archives consultées regroupent les revues spécialisées L’Athlétisme , organe de presse de la FFA et VO2 Magazine , revue spécialisée dans la course à pied, ainsi que des archives institutionnelles à travers les comptes rendus des congrès de la Fédération internationale d’athlétisme (IAAF) et des instances dirigeantes de la FFA depuis 1960. Ces différentes sources mettent en avant trois périodes allant du développement des courses sur route françaises dans les années 1970 comme espace d’émancipation pour de nombreux·ses athlètes kényan·e·s aux formes de discrimination qu’ils subissent dès lors que leur domination sportive entrave le rayonnement de la course de fond française dès les années 1990, avant que les organisateurs cherchent à limiter leur participation à compter du milieu des années 2000.