L’évaluation de l’érosion de la biodiversité globale est biaisée lorsqu’elle s’appuie uniquement sur les vertébrés provenant de zones tropicales ou insulaires, et ne prend pas en compte les invertébrés marins. L’exemple des invertébrés marins benthiques répertoriés dans la Manche, mer épicontinentale et tempérée, illustre la richesse en espèces de cette zone. Son inventaire s’est enrichi au fil du temps grâce à de nouvelles études qui font état d’introduction volontaire ou involontaire d’espèces non-indigènes. La faune benthique est plus diversifiée que la faune pélagique et montre de fortes capacités de résistance aux activités humaines et une capacité de résilience lui permettant de retrouver, lorsque cesse une perturbation, une condition voisine de celle préexistante. Certaines populations apparaissent temporaires, d’autres montrent des réductions d’abondances liées à la diminution des surfaces favorables à leur épanouissement, enfin certaines présentent des augmentations d’abondance en lien avec le réchauffement climatique qui favorise leur reproduction. Plusieurs exemples de changement d’aires de distribution sont avérés ; en revanche, aucune disparition de populations ou d’espèces d’invertébrés n’est connue en Manche.