L’appel à l’action 62 de la Commission de vérité et réconciliation (CVR) du Canada (CVR, 2012), qui porte sur l’éducation pour la réconciliation, interpelle directement les institutions scolaires canadiennes, et plus précisément la classe d’histoire. Alors que l’éducation des enfants non-Autochtones est prise en charge par les provinces, il semble que le Québec avance plus lentement que d’autres provinces dans le projet de reconnaissance et d’inclusion des perspectives et des savoirs autochtones dans l’enseignement de l’histoire. Comment expliquer cette spécificité de l’histoire coloniale du Québec? Pour y répondre, nous avons questionné des personnes enseignant l’histoire du Québec et du Canada au secondaire et à l’université (n=46) sur leur position à l’égard de l’inclusion des savoirs et des perspectives autochtones dans l’enseignement de leur discipline et les pistes d’action qu’elles identifient pour mettre en œuvre les appels à l’action de la CVR. De cette analyse, nous constatons d’abord un certain engouement pour l’inclusion de l’histoire autochtone dans les cours, mais se dégagent également des obstacles épistémologiques et identitaires pouvant expliquer la spécificité québécoise dans le projet d’autochtonisation en cours au Canada.