“…Au Burkina Faso, le lait est principalement produit par des zébus élevés dans des exploitations laitières pastorales et agropastorales, qui possèdent de 5 à 20 vaches laitières et cultivent une superficie comprise entre 2 et plus de 10 hectares (figure 11�1)� Ces exploitations sont principalement des systèmes d'élevage allaitant, où le lait est un produit valorisé pour nourrir la famille et générer des revenus� Les vaches produisent peu de lait (500 à 1 000 litres par lactation)� Elles sont nourries au pâturage et reçoivent très peu de fourrage ou de concentrés alimentaires ; ceux-ci sont fournis principalement à la fin de la saison sèche� Les coûts de production du lait s'élèvent à moins de 0,30 €/l� Une part importante de la production laitière est consommée par la famille, mais la proportion commercialisée augmente à mesure que la demande s'accroît (Vall et al�, 2021)� Traditionnellement, les femmes contrôlent le revenu de la vente du lait sur les marchés de détail locaux, à un prix qui varie selon la saison (0,60 à 0,90 €/l)� Des mini-transformateurs laitiers privés s'installent maintenant, collectant de 200 litres à 1 000 litres par jour� Grâce à un réseau de livraison local (dans un rayon de 50 kilomètres autour des laiteries) assuré par des collecteurs à vélo ou à moto, le lait du matin est livré au transformateur avant 11 heures, sans nécessiter de stockage au froid� Le prix d'achat proposé par ces transformateurs laitiers est inférieur à celui obtenu auprès des opérateurs informels sur les marchés de détail (0,50 €/l) ; en conséquence, la part du lait collecté par les mini-laiteries reste faible (moins de 10 %)� Les transformateurs laitiers tentent de fidéliser leurs fournisseurs en leur promettant un débouché garanti� Cependant, l'augmentation de la collecte est limitée par l'absence de contrats écrits� Pour répondre à la demande croissante, certains producteurs laitiers, souvent issus de zones urbaines, ont intensifié leur production à moindre coût au sein de petites unités de vaches laitières (1 à 5 têtes) ou de mini-fermes laitières (5 à 10 têtes), en procédant à des croisements de vaches logées en stabulation (zébus croisés avec des races laitières exotiques par insémination artificielle)� Le temps de pâturage est réduit et les vaches reçoivent systématiquement des résidus de culture (paille de céréales, fanes de légumineuses) et des aliments concentrés (tourteau de coton, son de maïs)� Le système d'élevage en stabulation permet de recycler une plus grande partie du fumier en engrais� Au sein du ménage, le mari prend souvent le contrôle du lait (Vidal et al�, 2020 ;Vall et al�, 2021)� Pour développer la collecte et améliorer le contrôle de la qualité du lait, le gouvernement burkinabè met en place des centres de collecte affiliés aux transformateurs laitiers� Étant donné que ces derniers n'achètent pas le lait à des prix dépassant 0,50 €/l, ces centres proposent aux producteurs des prix inférieurs pour couvrir leurs frais (0,45 €/l), et sont donc peu attractifs� De nombreux transformateurs laitiers choisissent d'utiliser du lait en poudre importé, moins cher que le lait local, largement disponible, facile à stocker et plus fiable en matière de qualité (Corniaux et al�, 2020)� Les laiteries qui transforment le lait frais local sont confrontées à la double concurrence des transformateurs de produits laitiers en poudre (dont les produits sont moins chers grâce à des matières premières moins onéreuses) et du secteur informel qui absorbe une grande partie du lait frais local (en le vendant directement à de meilleurs prix)� Les transformateurs laitiers luttent pour fournir des produits laitiers locaux (lait, yaourt et lait caillé) à des prix raisonnables aux conso...…”