Infection des primates par les lentivirus: une histoire ancienne Figure 1); cependant, la caractérisation d'un nombre de plus en plus important de virus diffé-rents a souligné que les relations phylogénétiques entre ces lentivirus de primates ne peuvent être interprétées de manière simple. En effet, certains de ces virus ne peuvent pas être classés parmi les six groupes précé-demment définis, car ils possèdent des génomes hybrides ou mosaïques, signes de recombinaison entre souches de différentes lignées ; c'est le cas, entre autres, du SIVmnd-2 des mandrills et du SIVgsn des singes hocheurs [4,5]. Pour expliquer ces données génétiques, deux modes principaux d'évolution, avec ou sans transfert interespèces, peuvent être proposés. La première situation est celle d'une coévolution hôte/virus: les virus, présents chez un ancêtre commun des singes infectés, ont divergé parallèlement à leurs espèces hôtes, sans transfert interespèces. On observe en faveur de cette hypothèse le fait que chaque espèce de primates, à l'exception notable du mandrill et de l'être humain, chez lesquels deux types de virus sont retrouvés, ne semble infectée que par une seule lignée de virus. De plus, la phylogénie des virus est parallèle à celle des espèces hôtes. Ainsi, la superespèce singe vert est divisée en quatre espèces principales selon des critères morphologiques, génétiques et de répartition géographique, et chacune est porteuse d'un SIVagm distinct, désigné SIVagmVer, SIVagmGri, SIVagmTan ou SIVagmSab selon l'espèce à partir de laquelle il a été isolé. À l'opposé, lorsque la parenté virale suit la proximité géographique plutôt que phylogénétique des espèces hôtes, un transfert interespèces est proposé. Ainsi, plu-> Alors que la diffusion épidémique des virus de l'immunodéficience humaine (VIH) s'accompagne d'une mortalité très élevée, l'infection par les virus de l'immunodéficience simienne (SIV), retrouvée chez de nombreuses espèces de singes d'Afrique avec une forte prévalence, ne produit aucune maladie détectable. Les facteurs responsables de cette différence entre l'être humain et les porteurs naturels de SIV restent mal identifiés. Il est possible que cette différence ne réside ni dans les facteurs viraux, ni dans les facteurs d'hôte, mais dans la nature même de la relation hôte/virus, résultat d'un équilibre évolutif stable établi depuis longtemps dans certaines populations simiennes. < V. Courgnaud: Laboratoire des rétrovirus UR 36,