Professeur retraité de l'université d'OttawaUn coup de dés jamais n'abolira le hasard (Mallarmé, 1897) 1 Antéposition stylistique L'ancien français est généralement considéré comme une langue à verbe second (V2) non strict dans les propositions principales. Dans les principales déclaratives, le verbe tensé occupe généralement la seconde position, précédé d'un expression simple ou complexe, mais il peut également occuper une position plus en retrait, ou encore la position initiale.1 Pour leur part, les subordonnées tendent à être de type SVO, mais, à nouveau, d'autres ordres sont également attestés, notamment l'ordre XV(S) typique des principales est observé dans les subordonnées complétives introduites par certaines classes de verbes, comme les verbes déclaratifs (cf. Vance 1997, chap. 4). Ce type de V2 en subordonnée est bien attesté, sous une variété de conditions, dans les langues germaniques et scandinaves (Heycock 2006), et nous n'en parlerons pas ici. Notre objectif dans ce travail est d'étudier un autre type d'écart par rapport à l'ordre SVO en subordonnée, celui où certaines catégories lexicales (verbe non tensé, adverbe, adjectif) ou syntagmes précèdent le verbe, y compris dans des types subordonnées qui ne permettent pas la construction V2, comme les propositions relatives, les interrogatives indirectes ou les subordonnées temporelles. Sur la base de la ressemblance entre (1)-(3) et la construction d'antéposition stylistique (terme introduit par Mathieu pour traduire Stylistic Fronting, SF) de l'islandais illustrée en (4), plusieurs auteurs ont proposé que l'antéposition stylistique existait également en ancien français (Cardinaletti & Roberts, 1991/2002Dupuis, 1989 ;Mathieu , 2006bMathieu , 2009Mathieu , 2013Molnár, 2010 ;Roberts 1993).