En Afrique tropicale, dans les plantations forestières, la majorité des espèces autochtones ont été délaissées au profit d’espèces exotiques à croissance initiale rapide. Cette tendance est encore plus marquée dans les zones soudanienne et soudano-guinéenne à longue saison sèche. Ainsi s’explique le manque de connaissances sur les potentialités et la sylviculture des espèces d’arbres autochtones ou « locales ». Pour contribuer à l’acquisition de ces connaissances indispensables, un arboretum de 2,56 ha a été installé en 1990 à proximité de Korhogo dans le nord de la Côte d’Ivoire. Sa particularité réside dans la mise en place de grandes parcelles de 1 596 m² avec 224 plants par espèce afin d’y mener une sylviculture qui conserverait de 10 à 16 arbres adultes de chaque espèce, exploitables notamment pour le bois d’œuvre, au terme de la révolution. Par manque de maîtrise des techniques de pépinière pour certaines espèces, seules 12 espèces sur 22 ont été plantées avec les 224 plants prévus au départ. Les résultats sont présentés pour l’ensemble des espèces testées, aussi bien en pépinière qu’en plantation. Cet arboretum a été régulièrement suivi jusqu’en 1999 puis ne l’a plus été en raison des évènements politiques qui ont perturbé la bonne administration du pays. Une campagne de mesures a été diligentée en novembre 2019 qui a permis notamment de tirer des conclusions intéressantes sur l’aptitude de 15 espèces à croître en peuplements équiennes monospécifiques, dont deux (Pterocarpus erinaceus Poir. et Anogeissus leiocarpa (DC.) Guill. & Perr.) qui montrent une productivité remarquable. L’ensemble des données recueillies depuis la récolte des graines et tout au long de la vie de l’arboretum sont présentées ici et discutées dans l’espoir que les sylviculteurs de cette zone phytogéographique en tirent le meilleur profit. Les enseignements acquis doivent servir à la restauration des forêts et des paysages grâce aux reboisements auxquels les États se sont engagés pour lutter contre les variations climatiques, la perte de biodiversité et la dégradation des services écosystémiques aux populations.