> En dépit des progrès importants réalisés dans notre compréhension des mécanismes de transformation d'une cellule normale en cellule cancéreuse, l'efficacité de la plupart des approches thérapeutiques anticancéreuses reste partielle et temporaire. Des études récentes ont permis d'établir l'impact du microenvironnement tumoral sur la croissance et la dissémination tumorales, et la résistance de certains cancers aux thérapies. Cette revue a pour but de faire le point sur nos connaissances des effets locaux et systémiques, parfois surprenants, qui résultent des interactions des tumeurs avec leur microenvironnement. < interactions bidirectionnelles dont les effets -locaux ou systémiques -résultent malheureusement souvent en une augmentation de la croissance et la dissémination tumorales, mais aussi en l'établissement de certaines résistances aux traitements antitumoraux. Le concept de microenvironnement n'est pas récent. Stephen Paget (chirurgien anglais né en 1855) avait suggéré il y a plus d'un siècle qu'une cellule tumorale métastatique (appelée la graine, the seed en anglais) ne ciblait pas les tissus de manière aléatoire, mais qu'elle devait avoir une affinité ou une compatibilité accrue pour ce tissu (appelé le sol, the soil) [4]. Cette hypothèse du « seed and soil » reposait sur l'observation que des patientes atteintes de cancer du sein développent de manière non aléatoire des tumeurs secondaires dans des tissus cibles spécifiques. Nous commençons à mieux comprendre maintenant la complexité des interactions entre les cellules tumorales et leur microenvironnement et l'influence de ces interactions sur le développement de tumeurs primaires et la formation de métastases. Cette revue présente certaines notions émergentes concernant la nature des facteurs intervenant dans le microenvironnement tumoral (MET) et leurs rôles sur la croissance et la dissémination tumorales.
Les natures complexes du microenvironnement tumoral
L'hypothèse du seed and soilDe nombreuses études à large échelle ont été faites ces dernières décennies pour établir les profils génétiques et épigénétiques de diverses tumeurs. Ces études ont permis de mettre en évidence qu'il existe presqu'autant de cancers différents que de patients qui en sont atteints, ce qui souligne la nécessité d'une approche plus personnalisée pour le traitement de cette pathologie [1]. À la complexité intrinsèque des cellules tumorales, dont les diversités génotypique et phénotypique sont importantes, s'ajoute celle de leur microenvironnement, dont l'influence sur la progression tumorale est aujourd'hui reconnue [2,3]. En d'autres termes, bien que les cellules transformées constituent le coeur du processus cancéreux, ces cellules ne forment pas de tumeurs toutes seules. Certains chercheurs ont ainsi comparé les cellules tumorales à des cellules hors-laloi capables de corrompre des cellules normales rési-dant localement ou recrutées à distance, afin qu'elles contribuent elles aussi à l'établissement d'une large communauté de cellules tumorales. Ainsi, les cellules canc...