> De récentes études épidémiologiques suggèrent que les pesticides pourraient contribuer au développement de maladies neurodégénératives, comme les maladies de Parkinson et d'Alzheimer. Au sein de la famille des pesticides, les insecticides sont souvent les plus incriminés pour leur caractère neurotoxique. Néanmoins, leurs mécanismes de neurotoxicité et leur impact en santé publique demeurent largement inexplorés. Parmi les molécules les plus étudiées, la roténone et le paraquat perturbent principalement la fonction bioénergétique mitochondriale, les équilibres redox, le métabolisme des espèces réactives oxygénées, et ils promeuvent l'agrégation de l'α-synucléine. Par ailleurs, de nouvelles études suggèrent un rôle important de la susceptibilité génétique, soit dans le cas de formes héréditaires rares de la maladie de Parkinson, soit de manière plus générale par le biais de polymorphismes des enzymes métabolisant les pesticides, comme cela a été récemment illustré pour les pesticides organophosphorés. < neurodégénératives et le fait d'être agriculteur, et/ou de travailler ou de vivre au voisinage d'une exploitation agricole utilisant des pesticides. Les cas d'empoisonnement aigu avec ces molécules démontrent leur caractère hautement neurotoxique. De plus, la mise en évidence post mortem de taux élevés de pesticides dans des structures cérébrales comme le noyau caudé chez les individus parkinsoniens [1, 2] suggère un réel problème d'exposition chronique de ces populations. Ces dernières années, le nombre de publications illustrant les effets neurotoxiques des pesticides chez l'homme n'a cessé d'augmenter ; les études concernent essentiellement la neurotoxicité des herbicides, comme le paraquat, et des insecticides. La majorité des insecticides, y compris les organophosphorés, les carbamates, les organochlorés, les fongicides et les fumigants, sont neurotoxiques. Ce sont les organochlorés, puis les organophosphorés qui les ont remplacés, qui ont entraîné le plus de polémique en santé humaine ; citons notamment les effets du DDT (1,1,1-trichloro-2,2-bis(4-chlorophényl) éthane), du lindane (encore utilisé pour des applications restreintes) et de la chlordécone, compte tenu de leur persistance et de leur réma-nence dans les sols, jusqu'à plusieurs décennies après leur utilisation. Bien qu'interdites dans la plupart des pays développés, certaines de ces molécules, comme le DDT, sont réutilisées pour le contrôle du vecteur de la malaria dans les zones endémiques. Les effets neurotoxiques peuvent être classés en quatre groupes principaux : (1) ceux qui causent une perte des neurones par apoptose ou nécrose (neuropathies) ; (2) ceux qui entraînent une dégé-nérescence des axones (axonopathies) ; (3) (Figure 1). On peut également y ajouter les acaricides et les molluscides. Chaque famille inclut des sousfamilles de produits et des métabolites avec des compositions chimiques différentes, ce qui augmente la complexité des modes d'action. À ce jour, peu d'études ont évalué l'effet neurotoxique des pesticides chez l'homme. Néa...