Contrairement aux idées reçues, l'os est un tissu métaboliquement dynamique qui est en constant renouvellement puisque chez les vertébrés adultes, 10 % du squelette osseux sont remplacés chaque année par de l'os néoformé. L'homéostasie osseuse résulte de l'équilibre dynamique entre la formation osseuse assurée par les ostéoblastes d'origine mésenchymateuse et la résorption effectuée par les ostéoclastes d'origine hématopoïétique, les seules cellules capables de dégrader les tissus minéralisés. L'équilibre entre ces deux processus antagonistes est régulé par un grand nombre de facteurs systémiques ou locaux : des cytokines (RANKL, receptor activator of NF-kB ligand ; M-CSF, macrophage colony stimulating factor, des interleukines IL-1, 6, 11, 17…), des hormones (calcitonine, PTH ou parathormone, 1,25-dihydroxyvitamin D3, prostaglandine E2, leptine), des neuromédiateurs, des récepteurs membranaires, des molécules de signalisation intra-et inter-cellulaire et des facteurs de transcription. Les premiers liens entre système immunitaire et physiologie osseuse ont été établis après l'identification de facteurs sécrétés par les cellules de l'immunité, capables d'activer la différenciation ostéoclastique, comme l'IL-1β [1]. Depuis, il a été mis en évidence que de très nombreuses molécules, décrites initialement comme des régulateurs de la fonction des cellules immunitaires (cytokines, récepteurs, facteurs de transcription) jouaient également un rôle dans la biologie des ostéoclastes et des ostéoblastes. Parmi les autres interactions décrites entre les deux systèmes, il faut également mentionner le rôle central > L'interface entre le système immunitaire et la physiologie osseuse a conduit à l'émergence de l'ostéo-immunologie, nouveau champ de recherche qui ouvre de nouvelles perspectives dans la compréhension et le traitement des pathologies inflammatoires ostéo-articulaires. De nombreuses molécules et voies de signalisation, décrites initialement dans les cellules du système immunitaire, agissent également dans les ostéoclastes, cellules ayant pour rôle le maintien de l'homéos-tasie osseuse en assurant le remodelage du tissu osseux. Ainsi, la différenciation ostéoclastique requiert deux voies de signalisation « immunologiques » : la voie RANK/RANKL (receptor activator of NF-kB ligand) et celle des protéines adaptatrices à domaine ITAM (immunoreceptor tyrosine based activation motif), DAP12 (DNAX-activating protein) et FcRγ (récepteur du fragment Fc des immunoglobulines). Mais la façon dont les deux voies s'associent pour induire le facteur de transcription clé de l'ostéoclastogenèse NFATc1 (nuclear factor of activated T-cells), restait à élucider. Une étude réalisée par le groupe de H. Takayanagi vient de permettre d'identifier les protéines tyrosine kinases Bruton et Tec, qui forment un complexe protéique capable d'intégrer ces deux voies de signalisation et, ainsi, permettent l'expression des gènes nécessaires à la différenciation ostéoclastique. <