“…La prise de la ville de Kunduz, au nord de l'Afghanistan, par les talibans en septembre 2015, bien que temporaire—les forces gouvernementales ont repris la ville deux semaines plus tard—a consacré l’échec de la stratégie de délégation. L'ALP et les autres milices présentes dans la province ont été gangrenées par les luttes internes entre commandants soutenus par différents « patrons » au sein même de l'appareil d’État (ministère de l'Intérieur, services de renseignements et présidence notamment), par un manque de ressources suite à la mise en place d'un nouveau gouvernement (et donc de nouveaux réseaux et de nouvelles préférences clientélistes), par des tensions inter-ethniques et partisanes, et par la porosité des frontières entre milices pro-gouvernementales, extra-gouvernementales et anti-gouvernementales—avec, dans certains cas, collusion entre forces talibanes et milices dites pro-gouvernementales (Dirkx, 2017). Paradoxalement, cet échec de la stratégie ne fait que souligner la faiblesse étatique, et donc appelle à plus de délégation de la part d'un gouvernement qui n'a pas la capacité de faire autrement et peut ainsi sembler à la dérive.…”