En juillet 1787, Paruanarimuco, principal chef des Comanches jupes, sollicita le soutien de Juan Bautista de Anza, gouverneur espagnol du Nouveau-Mexique, en vue de la construction d’un village pour accueillir les siens. Les autorités du nord de la Nouvelle-Espagne s’empressèrent de donner suite à cette requête pour le moins inhabituelle, envisageant de créer ainsi un précédent chez les nomades païens de la frontière dans la sédentarisation et l’hispanisation des Jupes. C’est ainsi que débuta, en été 1787, la construction du village de San Carlos de los Jupes sur les rives de l’Arkansas, dans l’État actuel du Colorado, mobilisant main-d’oeuvre et fonds espagnols. Or, en janvier 1788, les Jupes quittèrent le village et n’y retournèrent jamais plus. Cet essai explore la fondation et la disparition de San Carlos selon une perspective ethnohistorique. L’auteur affirme que ce village comanche éphémère était voué à l’échec, et ce, pour diverses raisons écologiques, culturelles et géostratégiques.