L’approche économique rationnelle s’est relativement peu intéressée à l’espoir, émotion fondamentale qui reflète un état d’esprit, détermine notre attitude par rapport à l’avenir, notre gestion de l’incertitude, et conditionne nos actions et nos décisions. Certains économistes encouragent toutefois à intégrer l’espoir à l’analyse économique. Dans cet article, nous chercherons à déterminer ce qu’un dialogue entre la littérature et l’économie pourrait apporter à la fois à la compréhension de l’espoir, à l’analyse économique, et à l’interprétation du roman de Dickens. Nous nous proposons d’explorer un roman de Dickens centré sur l’espoir, à savoir De Grandes espérances (1861). Ce qui frappe à la lecture du roman c’est que Dickens explore et approfondit dans son roman la notion même d’espérances ( expectations en anglais) au sens économique, en la déclinant de diverses manières et en étudiant les implications de ces différentes déclinaisons. Il part ainsi d’attentes, d’aspirations et d’anticipations de type très rationnel, très semblables à ce qu’étudiera plus tard la théorie économique standard, pour en souligner les limites et évoluer vers une définition plus complexe d’un espoir économique de nature plus spirituelle et philosophique, plus proche de ce que les économistes développent aujourd’hui face à l’avenir très incertain qui s’offre à nous.