Jusqu’à ces trente dernières années, les zones de montagne ont été considérées comme immuables. Leurs modes d’accès et de gestion, leurs dynamiques d’évolution et les pratiques agro-pastorales étaient jusque-là perçus atones. Il a fallu la mise en place d’un dialogue entre les sciences humaines (archéologie, histoire, ethnologie) et naturelles (anthracologie, palynologie) et l’insertion de nouveaux outils (DGPS – Digital Global Positionning System – et SIG – Système d’Information Géographique) pour que ces territoires soient considérés différemment. Aujourd'hui, les montagnes font l'objet de questionnements interdisciplinaires qui révèlent des histoires longues et complexes. Préalable indispensable à toute recherche archéologique, la prospection en haute montagne présente des spécificités et des enjeux qui lui sont propres : limitation d’accès, forte variabilité de perception des infrastructures. Se pose alors la question de savoir comment, pratiquement, systématiser les acquisitions, pour arriver à traiter de plus vastes territoires et enrichir l'information pour parvenir à détecter tous les aménagements qui échappent actuellement aux yeux des archéologues. Les avancées technologiques, la diversification et la miniaturisation des capteurs, la démocratisation des drones et les progrès en matière d'ergonomie informatique permettent aujourd’hui de réfléchir à la mise en place d'une nouvelle procédure d'acquisition, de traitement et de fusion des données. C'est ce que fait le programme de recherche TAHMM (Télédétection Archéologique en Haute et Moyenne Montagne) depuis 2018 autour de quatre zones ateliers situées en Occitanie et Nouvelle Aquitaine. Par le développement d'une approche multi-source à haute résolution spatiale, spectrale, radiométrique et temporelle, il vise à optimiser la détection des vestiges archéologiques en milieux d’altitude durant la phase de prospection.