Découvrir la revue Citer cet article Giroux, J. (2013). Le spectre épistocratique. Philosophiques, 40 (2), 301-319. doi:10.7202/1023699ar Résumé de l'article J'aborde dans cet article un problème que je nomme le « spectre épistocratique ». Le problème se présente ainsi : s'il existe des vérités politiques, c'est-à-dire des positions politiques qui soient véritablement bonnes, ne devrait-on pas faire de l'atteinte de ces vérités politiques l'objectif central de notre système politique, ce qui pourrait nous conduire à limiter le pouvoir populaire afin de laisser les individus « éclairés » prendre toutes les décisions politiques ? J'explore différentes stratégies possibles afin de défendre la démocratie contre l'attrait d'une telle épistocratie, et je conclus que la meilleure stratégie consiste à souligner qu'une démocratie délibérative bien organisée démontre un potentiel épistémique supérieur à tout autre système politique. Je termine en montrant comment une telle conclusion parvient à nous informer sur le phénomène de la contestation politique. RÉSUMÉ. -J'aborde dans cet article un problème que je nomme le « spectre épistocratique ». Le problème se présente ainsi : s'il existe des vérités politiques, c'est-à-dire des positions politiques qui soient véritablement bonnes, ne devrait-on pas faire de l'atteinte de ces vérités politiques l'objectif central de notre système politique, ce qui pourrait nous conduire à limiter le pouvoir populaire afin de laisser les individus « éclairés » prendre toutes les décisions politiques ? J'explore différentes stratégies possibles afin de défendre la démo-cratie contre l'attrait d'une telle épistocratie, et je conclus que la meilleure stratégie consiste à souligner qu'une démocratie délibérative bien organisée démontre un potentiel épistémique supérieur à tout autre système politique. Je termine en montrant comment une telle conclusion parvient à nous informer sur le phénomène de la contestation politique.ABSTRACT. -In this paper, I consider a problem that I call the "epistocratic specter". The problem goes as follows : if there are political truths, by which I mean political positions that are truly good, shouldn't we make the attainment of such truths the central goal of our political system, which could lead us to restrict popular power and let only truly "enlightened" individuals make every political decision ? I explore various possible strategies in order to defend democracy against the appeal of such an epistrocratic system, and I conclude that the best available strategy is one that emphasizes that a well-organized deliberative democracy possesses an epistemic potential that is superior to that of any other political system. I conclude by showing how this fact can inform our understanding of the phenomenon of political dissent.
Contestation, démocratie et vérité politiqueEn philosophie, on s'intéresse généralement au phénomène de la contestation politique dans la mesure où celui-ci soulève, et surtout incarne, le problème fondamental de la légitimité politiq des limit...