En 2018, La Presse Canadienne a mis au point Ultrad, un système de traduction automatique (TA). Ultrad est un des rares systèmes de TA à être utilisé quotidiennement par des journalistes au Canada. Toutes les traductions d’Ultrad sont révisées avant d’être publiées dans la langue cible. Notre article porte sur l’évaluation des traductions fournies par l’outil et sur les révisions apportées par les journalistes de l’agence de presse. Pour mener à bien ce travail, nous avons dépouillé un échantillon de 148 articles en anglais comportant une version traduite automatiquement en français et une version révisée par un rédacteur ou une rédactrice de La Presse Canadienne. L’évaluation des traductions, d’une part, et, d’autre part, la comparaison entre les textes traduits automatiquement et les textes révisés en post-édition (PE) ont reposé sur différentes méthodes d’analyse outillées : la comparaison des fréquences de mots, de l’alignement des paragraphes et de leur sous-segmentation en phrases graphiques pour chacun des deux groupes de bitextes (anglais avec la traduction brute, puis anglais avec la version révisée en PE) et des volumes informationnels des paires de segments; la distance euclidienne (DE) à trois dimensions entre segments source et cible et la correction linguistique fournie par le logiciel de correction linguistiqueAntidotesur la totalité des articles révisés. Notre étude est l’une des rares à s’être penchée sur l’utilisation de la TA par des journalistes. Elle met en évidence les lacunes de la TA et le caractère incontournable des interventions humaines en PE, même si ces interventions ne sont pas infaillibles.