Ce numéro porte sur le dénudement public et la façon dont il peut renforcer ou subvertir les normes et les rôles de genre. En dialogue avec les travaux d'histoire de l'art et la théorie féministe du regard, il n'adopte cependant pas comme principale focale les représentations du nu. Reprenant plusieurs chantiers ouverts par Clio HFS sur le genre des pratiques vestimentaires (« Femmes travesties », 1999, n° 10 ; « Costumes », 2012, n° 36), le fil conducteur du dossier est plutôt l'acte lui-même du dénudement public et les significations genrées qui lui sont attribuées, dans une perspective historique et sociologique. Les articles qui le composent convoquent ainsi plusieurs domaines historiographiques dans lesquels nudité et dénudement sont appréhendés sous des angles multiples : l'histoire du costume et de la mode, du corps, du sport et de l'hygiène, de l'érotisme et de la pudeur, des punitions et châtiments corporels ou encore des arts plastiques et du spectacle. Puisant dans des sources religieuses, médicales, littéraires, théâtrales qui représentent une diversité de matériaux d'enquêtes (culture matérielle, culture visuelle, performances, entretiens…), ces contributions entendent ainsi analyser les tensions à l'oeuvre autour du dénudement public, envisagé comme une pratique sociale polysémique.Le poids du contexte est en effet écrasant pour saisir ce que le dénudement révèle. Contexte géographique et situationnel d'abord : à l'époque contemporaine, l'acte de se dénuder revêt des significations sociales variées, parfois antagonistes dans la rue ou dans des bains publics, lors d'une cérémonie politique ou d'un rituel religieux, dans un musée ou une salle de spectacle, sur une plage ou