Dans cet article, nous interrogeons l’engouement croissant autour des tiers-lieux, issus de mouvements contre-culturels tels que les hackers , auprès d’institutions et collectivités locales ainsi que de grandes entreprises de l’immobilier. Pour comprendre son succès, nous proposons avec la sociologie de la justification d’appréhender le tiers-lieu comme point d’appui à la construction d’un compromis civico-marchand dans la fabrique de la ville. Ce compromis permet ainsi de répondre à deux processus opposés – les difficultés de financement des politiques publiques urbaines et la montée des risques de contestation des grands projets urbains – en transférant ces risques socio-économiques des acteurs publics vers les acteurs privés. Pour notre démonstration, nous nous appuierons sur une enquête réalisée chez des entrepreneur·es de la cause des tiers-lieux qui œuvrent à la construction et à la consolidation de ce compromis civico-marchand.