L'insuffisance cardiaque devient un problème majeur de santé publique et, avec l'accroissement de la longé-vité, représentera la première cause de morbi-mortalité au XXI e siècle [1,2]. De plus, la prise en charge pharmacologique et hospitalière de l'insuffisance cardiaque représente 1 % à 2 % des dépenses de santé publique dans les pays occidentaux [1]. Les développements pharmacologiques en ont prodigieusement amé-lioré le pronostic. Cependant, s'ils améliorent la survie, la mortalité reste élevée et peut atteindre 60 % à un an pour des sujets au stade IV de la classification de la New York Heart Association (NYHA). Par ailleurs, la pathologie peut devenir réfractaire à ces approches théra-peutiques. Dans de nombreux cas, l'insuffisance cardiaque se développe à la suite d'un accident ischémique (infarctus du myocarde). L'anoxie, puis le développement de foyers inflammatoires importants, entraînent la mort ou la destruction des cardiomyocytes adultes responsables de la contraction myocardique. À la différence des urodèles [3], les mammifères ne semblent pas capables de régénérer les cardiomyocytes adultes, du moins de façon significative (voir ci-dessous), et la perte est donc massive et irréversible. La zone cardiaque ainsi ischémiée est remplacée par un tissu cicatriciel fibreux, akinétique. Cette perte de fonction se répercute sur la structure globale du myocarde qui subit un remodelage progressif, primitivement bénéfique, mais progressivement délétère puisqu'il mène à une modification de la géométrie cardiaque (dilatation) et à une désorganisation des interactions entre les cardiomyocytes survivants (‹). L'insuffisance cardiaque peut également se développer en l'absence d'accident ischémique aigü : certaines formes sont d'origine génétique (monogénique), lorsque des mutations altèrent la fonction de protéines impliquées dans > L'insuffisance cardiaque est un problème majeur de santé publique dans les pays industrialisés, et sa thé-rapeutique incomplètement efficace. C'est pourquoi la thérapie cellulaire a été développée comme nouvelle stratégie visant à améliorer la structure et la fonction du myocarde défaillant. Cet article décrit les différents types cellulaires envisagés dans cette perspective, ainsi que les premiers essais cliniques entrepris. La plupart des études ont été menées dans le cadre de l'insuffisance cardiaque post-ischémique. La transplantation de cardiomyocytes foetaux ou néonataux améliore chez l'animal la performance cardiaque, mais des problèmes immunologiques, logistiques et éthiques bloquent les perspectives cliniques d'une telle utilisation chez l'homme. En revanche, il semble que des cardiomyocytes adultes, autologues, pourraient être préparés à partir de cellules souches pré-sentes dans différents tissus (moelle osseuse, vaisseaux, coeur adulte, tissu adipeux). Par ailleurs, des précurseurs vasculaires issus de la moelle osseuse ou du sang circulant pourraient promouvoir la néo-angiogenèse au sein du myocarde infarci, stimulant ainsi un pool de cardiomyocytes hibernants. L'utilisat...