La paramutation : une conversion épigénétique découverte chez les plantes De nombreuses dérégulations de gènes interviennent sans qu'il puisse être observé de modification de leur séquence d'ADN. Ces dérégulations, qui peuvent être à l'origine de dysfonctionnements cellulaires, proviennent de modifications affectant la méthyla-tion de l'ADN et/ou des protéines associées à l'ADN, ou encore la production de petits ARN non codants qui interfèrent avec l'expression de ces gènes. De telles modifications sont, dans certains cas, transmises à travers la méiose et persistent de façon stable au cours des générations. La transmission de ces modifications est dite « épigénétique ». Un cas particulier de transmission épi-génétique, mis en évidence pour la première fois chez les plantes, correspond à la conversion épigénétique d'un allèle par son allèle homologue [1,2]. Chez le maïs, le gène b1 code pour un pigment de la tige, l'anthocyanine, nécessaire à sa coloration brune. Certains pieds de maïs possèdent un allèle de ce gène appelé B-I (B-Intense) qui induit une coloration foncée de la tige. D'autres pieds possèdent un autre allèle, B', qui induit une coloration vert clair de la tige, liée à la répression de b1. La séquence des allèles B-I et B' est la même. Ces deux allèles diffèrent principalement par la structure de la chromatine au niveau d'une région située en amont du promoteur de b1. Cette région est constituée de séquences d'ADN répétées en tandem.Au niveau de ces séquences, la chromatine est plus compactée dans l'allèle B' que dans l'allèle B-I. La transmission de ces deux « allèles épigénétiques » (ou épiallèles) n'est pas mendélienne. En effet, le croisement d'une plante B-I/B-I avec une plante B'/B' produit en G 1 des hybrides présentant tous une tige claire, ce qui démontre une dominance de B' sur B-I. De façon surprenante, le croisement de cet hybride avec une plante B-I/B-I produit aussi uniquement des plantes à tige claire (alors qu'on attendrait 50 % de plantes présentant une tige foncée). Enfin, ces dernières plantes (G 2 ), lorsqu'elles sont croisées avec des plantes aux tiges foncées, produisent encore 100 % de plantes aux tiges claires. Il apparaît ainsi que la coexistence en G 1 des allèles B-I et B' dans le génome induit une conversion épigénétique : l'épiallèle B' convertit systématiquement l'épial-lèle B-I en épiallèle B', qui est ensuite transmis de façon stable au cours des générations (et ce depuis plus de 50 ans). Un épiallèle B-I converti en B' est, à son tour, capable de convertir un épiallèle B-I amené par croisement : ce phénomène est donc récurrent [3]. Ce phénomène de conversion épigéné-tique stable au cours des générations et pouvant être réalisé de façon récurrente est appelé « paramutation ». L'allèle B', qui induit la conversion, est dit paramutagénique, tandis que l'allèle converti est dit paramuté. Cette conversion est liée à la présence de petits ARN homologues aux régions d'ADN répétées situées en amont du promoteur du gène b1.Ces petits ARN permettraient une « communication », ...