> Chaque jour, nos reins filtrent environ 180 litres de plasma et réabsorbent plus de 99 % du sodium filtré, ce qui correspond à plus d'un kilogramme de sel (NaCl). Cette réabsorption massive de NaCl dépend de mécanismes opérant dans les cellules épithéliales bordant divers segments tubulaires spécialisés au niveau du néphron [1]. Ainsi, les cellules du tube proximal du rein réabsorbent les deux tiers environ de la charge filtrée, alors que les segments plus distaux du néphron -portion épaisse ascendante de l'anse de Henle (TAL, thick ascending limb) et tube contourné distal (TCD) -sont responsables de la réabsorption de 25 % et de 5 à 10 % du NaCl filtré, respectivement. La réabsorption de NaCl dans ces deux segments peut être inhibée par des agents diurétiques. Les diurétiques agissant au niveau de l'anse (furosémide, bumétanide), qui bloquent le cotransporteur Na + -K + -2Cl -(NKCC2) au niveau du TAL, sont de puissants agents utilisés pour traiter la rétention hydrosaline, alors que les dérivés thiazidiques (hydrochlorothiazide, bendrofluméthiazide, indapamide…), qui bloquent le cotransporteur Na + -Cl -(NCC) au niveau du TCD, sont largement utilisés dans le traitement de l'hypertension artérielle (Figure 1).
Cotransporteur NCC et syndrome de GitelmanOutre le cotransporteur NCC sensible aux thiazides, les cellules de la portion initiale du TCD possèdent un canal chlorure ClC-Kb associé à une sous-unité (barttine) au pôle basolatéral. Elles sont également impliquées dans la réabsorp-tion active du Ca 2+ et du Mg 2+ via les canaux apicaux TRPV5 (Transient receptor potential cation channel subfamily V member 5) et TRPM6, respectivement. La diffusion cytosolique des cations divalents se fait par liaison aux tampons calbindines (CB-D28k et CB-D9k) et l'expulsion basolatérale via une Ca 2+ -ATPase et un échangeur Na + -Ca 2+ (NCX1). Les mécanismes de transport opérant dans le TCD sont perturbés dans le syndrome de Gitelman, une maladie autosomique récessive (prévalence 1/50 000) qui associe déplétion sodée, hypokaliémie, alcalose métabolique, hypomagnésémie et hypocalciurie. Le syndrome de Gitelman est causé par des mutations invalidantes du gène SLC12A3 codant pour le cotransporteur apical NCC [2]. L'inactivation de NCC induit une perte de sel et une contraction volémique, stimulant l'axe rénine-angiotensine-aldostérone et entraînant une réabsorption électro-génique de Na + dans le canal collecteur via le canal épithélial sodique ENaC. Ce dernier processus stimule la sécrétion distale des cations K + et H + , induisant une hypokaliémie et une alcalose méta-bolique [3]. Par ailleurs, la contraction volémique stimule la réabsorption de Na + dans le tube proximal, ainsi qu'une réabsorption paracellulaire de Ca 2+ pouvant rendre compte de l'hypocalciurie typiquement associée au syndrome de Gitelman ou à la prise de diurétiques thiazidiques [4]. Des travaux récents ont permis de mieux comprendre les méca-nismes de transport opérant au niveau du TCD, y compris le rôle inattendu de la parvalbumine -un tampon calcique spé...