Dans cet article, l’objectif est de montrer que l’acceptation politique et sociale des mécanismes d’appariement pour les reins mis au point par Roth, Ünver et Sönmez nous fournit de quoi comprendre le rejet de la logique marchande dans le cadre de certains biens. Nous nous pencherons particulièrement sur trois explications généralement convoquer pour expliquer ce rejet : (I) le caractère corrupteur de la monnaie, (II) l’idée selon laquelle le marché en tant que tel devrait être rejeté, et (III) l’hypothèse selon laquelle le rejet du marché reposerait avant tout sur le fait que ce dernier engendrerait un rapport de domination entre l’offreur et le demandeur. Par le biais d’une analyse comparative entre les propositions de marchés aux organes (rejetées dans la plupart des pays) et les systèmes d’appariement proposés par Roth, Ünver et Sönmez (2004, 2005, 2007) - mis en place dans un grand nombre de pays - nous nuancerons ces explications au profit d’une quatrième : le marché aux organes est rejeté non pas parce qu’il génère de la domination, mais parce qu’il présuppose la vulnérabilité des offreurs potentiels : sans vulnérabilité, pas de marchés d’organes.