2019
DOI: 10.4000/pratiques.5835
|View full text |Cite
|
Sign up to set email alerts
|

Un tournant animal dans la fiction française contemporaine ?

Abstract: Un tournant animal dans la fiction française contemporaine ?

Help me understand this report

Search citation statements

Order By: Relevance

Paper Sections

Select...
1

Citation Types

0
0
0
2

Year Published

2019
2019
2024
2024

Publication Types

Select...
6

Relationship

0
6

Authors

Journals

citations
Cited by 10 publications
(2 citation statements)
references
References 2 publications
0
0
0
2
Order By: Relevance
“…Au dire de Sophie Milcent-Lawson, ce courant spécifi que constituerait même un « tournant animal », entraînant « la fi n du récit humanocentré » ; la critique énumère plusieurs cas de fi gure chez les romanciers les plus en vue : Qu'il s'agisse de variantes postmodernes de la robinsonnade où un humain isolé renoue avec le monde naturel (Divry, 2018 ;Minard, 2016) ou de dystopies postapocalyptiques où le rapport de l'homme aux animaux se rejoue selon une nouvelle donne (Message, 2016), ou bien encore de l' expérience d'un retour forcé d'un animal domestiqué à la vie sauvage (Garcia, 2010) ; que le roman se propose de revisiter les grands évènements historiques sans omettre le sort réservé aux animaux (Echenoz, 2012 ;Ferney, 2003 ;Joncour, 2018 ;Audeguy, 2016) ou qu'il envisage la présence animale en marge des confl its contemporains (Mouawad, 2012 ;Rolin, 2018) ; que l' on songe aux rêveries fantasmatiques sur les lisières de l'animalité (Sorman, 2014 ;Germain, 2016 ;Coop-Phane, 2019), à l'animal fantasmatique de l' enfance et de l'inconscient (Leca, 2019 ;Wilhelmy, 2018 ;Sautière, 2018 ;Lamarche, 2019), ou bien qu' on lise des méditations sur un monde d' où l'animal disparait (Chevillard, 2007 ;Bailly, 2018 ;Boyer, 2008), ou qu'il s'agisse simplement de prêter attention à une présence animale qui s' estompe (Raphoz, 2018) ; qu' on pense encore aux textes plus militants en faveur de la cause animale sur un mode sérieux (Sorrente, 2013 ;Del Amo, 2016 ;Brunel, 2018) ou sur un mode parodique (Pourchet, 2017 ;Baqué, 2017) : l'animal fait un retour en force dans l'imaginaire narratif tel qu'il s'actualise dans la production littéraire en langue française de ces dernières décennies. (Milcent-Lawson 2019) Non pas que la tradition littéraire ne connaisse pas de nombreux personnages-animaux ; mais les auteurs contemporains font preuve d'un eff ort particulier pour accéder à la conscience spécifi que (non humanocentrée) d'un animal donné et imaginer son vécu propre. Ces nouveaux objectifs exigent de nouveaux procédés, objets de la zoopoétique (approche qui étudie les procédés narratifs, stylistiques, thématiques et autres que la littérature utilise pour incarner les existences et intériorités animales) 15 .…”
Section: Un Tournant Animal Dans La Fi Ction Et La Critique Littéraireunclassified
“…Au dire de Sophie Milcent-Lawson, ce courant spécifi que constituerait même un « tournant animal », entraînant « la fi n du récit humanocentré » ; la critique énumère plusieurs cas de fi gure chez les romanciers les plus en vue : Qu'il s'agisse de variantes postmodernes de la robinsonnade où un humain isolé renoue avec le monde naturel (Divry, 2018 ;Minard, 2016) ou de dystopies postapocalyptiques où le rapport de l'homme aux animaux se rejoue selon une nouvelle donne (Message, 2016), ou bien encore de l' expérience d'un retour forcé d'un animal domestiqué à la vie sauvage (Garcia, 2010) ; que le roman se propose de revisiter les grands évènements historiques sans omettre le sort réservé aux animaux (Echenoz, 2012 ;Ferney, 2003 ;Joncour, 2018 ;Audeguy, 2016) ou qu'il envisage la présence animale en marge des confl its contemporains (Mouawad, 2012 ;Rolin, 2018) ; que l' on songe aux rêveries fantasmatiques sur les lisières de l'animalité (Sorman, 2014 ;Germain, 2016 ;Coop-Phane, 2019), à l'animal fantasmatique de l' enfance et de l'inconscient (Leca, 2019 ;Wilhelmy, 2018 ;Sautière, 2018 ;Lamarche, 2019), ou bien qu' on lise des méditations sur un monde d' où l'animal disparait (Chevillard, 2007 ;Bailly, 2018 ;Boyer, 2008), ou qu'il s'agisse simplement de prêter attention à une présence animale qui s' estompe (Raphoz, 2018) ; qu' on pense encore aux textes plus militants en faveur de la cause animale sur un mode sérieux (Sorrente, 2013 ;Del Amo, 2016 ;Brunel, 2018) ou sur un mode parodique (Pourchet, 2017 ;Baqué, 2017) : l'animal fait un retour en force dans l'imaginaire narratif tel qu'il s'actualise dans la production littéraire en langue française de ces dernières décennies. (Milcent-Lawson 2019) Non pas que la tradition littéraire ne connaisse pas de nombreux personnages-animaux ; mais les auteurs contemporains font preuve d'un eff ort particulier pour accéder à la conscience spécifi que (non humanocentrée) d'un animal donné et imaginer son vécu propre. Ces nouveaux objectifs exigent de nouveaux procédés, objets de la zoopoétique (approche qui étudie les procédés narratifs, stylistiques, thématiques et autres que la littérature utilise pour incarner les existences et intériorités animales) 15 .…”
Section: Un Tournant Animal Dans La Fi Ction Et La Critique Littéraireunclassified
“…Similairement aux oeuvres qui ont servi à caractériser le renouvellement des formes d'écriture biographique, les récits qui appartiennent au « tournant animal » s'attachent par conséquent à définir les conditions de possibilité d'une rencontre, à travers des narrations qui représentent des fenêtres ouvertes sur l'intériorité de personnages auxquels les lecteurs contemporains n'ont pas directement accès. L'engagement littéraire de ces auteurs se traduit sans doute moins par la conviction préétablie que ces rencontres peuvent avoir lieu, et que les animaux disposent conséquemment d'une intériorité dont ils auraient l'obligation morale de dévoiler la richesse -en vue de les sauver -, mais par une forme d'humilité face à l'inconnu que représente l'intériorité animale :Dans son article consacré au « tournant animal », Sophie Milcent-Lawson apparente explicitement ces personnages d'animaux aux figures anonymes que la biofiction a contribué à réhabiliter, en constatant que ces récits s'apparentent à des « vies minuscules15 », capables d'intégrer le parcours d'animaux singuliers dans la mémoire collective. C'est ce dont témoigne particulièrement bien l'Histoire du lion Personne de Stéphane Audeguy, dans la mesure où cet ouvrage, lequel propose une sorte de biographie fictive du dernier lion à avoir intégré la ménagerie royale de Versailles, démontre que les récits appartenant au « tournant animal » ne se limitent pas à décrire des rencontres entre des personnages humains et des personnages d'animaux à l'époque contemporaine.Évoqué par Sophie Milcent-Lawson à titre d'exemple des récits qui « attestent d'une recherche formelle motiveé par le deśir d'abandonner le rećit humanocentré au profit d'une poetique du vivant16 », l'Histoire du lion Personne atteste cependant aussi des difficultés qui peuvent surgir de ce parallèle entre l'écriture biofictive et zoofictive, ne serait-ce qu'en ce qui a trait au degré selon lequel les oeuvres auxquelles s'intéresse la zoopoétique peuvent s'attacher à dépeindre -voire à dépeindre fidèlement -l'intériorité d'un animal dont l'existence s'est achevée il y a de cela plusieurs siècles.Le roman est divisé en trois parties d'une cinquantaine de pages, dont chacune se lit à la manière d'un récit biographique pratiquement autonome, dans lequel l'on découvre que le lion se noue d'affection avec un nouveau maître.…”
unclassified