Cette recherche se propose d’interroger, d’un point de vue discursif, la construction du dispositif victimaire djihadiste et d’analyser comment ce dernier est mis au service d’une justification de l’action violente, à partir d’un corpus numérique de profils caractérisés comme radicalisés. La première partie de l’article explicite la démarche adoptée, l’adossement théorique ainsi que méthodologique, et propose une caractérisation thématique du corpus à partir de la notion de grief. Dans une seconde partie, nous analysons les ressorts sémio-discursifs sur lesquels repose la construction d’une identité victimaire propre au phénomène de radicalisation djihadiste. Enfin, nous cherchons à montrer dans quelle mesure le discours de victimisation djihadiste vise à promouvoir la vengeance par la construction d’un ethos de justicier. A cet égard, nous interrogeons l’impossible performativité du statut victimaire comme ressort du ressentiment et étudions le processus de « dévictimisation » visant autant à déshumaniser les victimes du terrorisme que les terroristes eux-mêmes.