Cet article traite de la mise en place en France, à partir de 2015, de programmes universitaires d’aide à la reprise d’études des personnes en exil. Alors que la catégorie d’étudiant exilé n’existait pas dans l’enseignement supérieur français, entravant la reprise d’études des personnes en demande d’asile ou sous protection internationale, la constitution du réseau MEnS (Migrants dans l’Enseignement Supérieur) et la mise en place des Diplômes Universitaires Passerelles ont promu la considération publique de cette thématique. À partir d’un travail de recherche de Master, d’entretiens, de documents d’archives, et d’expériences de première main, nous analysons ici les tensions de la genèse et du fonctionnement de tels programmes. La première partie revient sur la coordination progressive d’initiatives originellement disparates, et analyse la place ambivalente du ministère de l’Enseignement supérieur. La deuxième s’intéresse plus précisément au fonctionnement du Diplôme Universitaire Passerelle, pilier de l’action universitaire en faveur des étudiants exilés. La troisième partie restitue les enjeux d’une politique d’accueil universitaire dans le cadre d’un durcissement des politiques migratoires en France et des dynamiques de dérégulation et de marchandisation de l’enseignement supérieur. Entre coordination horizontale et tutelle ministérielle, entre genèse militante et institutionnelle, nous proposons ainsi une analyse des complexités de la politique universitaire d’accueil des exilés.