Vers une mise en débat des incertitudes associées à la notion de service écosystémique

Abstract

Le concept de service écosystémique – idée de services fournis par les écosystèmes à l’humanité- connaît aujourd’hui un succès exponentiel, tant dans les sphères scientifiques que politiques. Mais du fait de ce succès, ce concept est de plus en plus considéré comme un acquis, sans que soient reconnues et prises en compte les fortes incertitudes qui lui sont associées. Cet article souligne d’abord les incertitudes scientifiques qui portent sur les dynamiques sous-jacentes à la production des services. En effet, dans de nombreuses situations, les scientifiques ne sont pas en mesure d’énoncer avec certitude des relations de cause à effet entre l’état d’un écosystème et la fourniture effective d’un service, soit parce que les connaissances sont insuffisantes, soit parce que les systèmes considérés sont par nature imprédictibles. L’article souligne ensuite l’importance des incertitudes sociétales associées à ce concept, c’est-à-dire l’existence de perceptions différenciées, voire contradictoires, avec des controverses d’une part autour du concept même de service et de la place de l’homme dans les écosystèmes, et d’autre part autour des dispositifs de gouvernance issus de ce concept, tels que les paiements pour services environnementaux. À partir d’une revue de la littérature, cet article montre que si les incertitudes scientifiques associées au concept de service écosystémique sont relativement reconnues et prises en compte, les incertitudes sociétales le sont beaucoup moins. Il semble nécessaire de développer des démarches fondées sur la confrontation et l’intégration des points de vue, des intérêts et des connaissances des différents acteurs sur les services et leurs dynamiques, pour que les arbitrages (trade-offs) entre services soient l’objet de choix collectifs explicitement négociés.

The political ecology of ecosystem services

“…While the ES concept did not imply such outcomes, its use in the particular political and economic situations of recent decades conditioned these outcomes (Gómez-Baggethun et al, 2010;Gómez-Baggethun and RuizPérez, 2011). In addition, political ecologists, among others, have shown that the metrics used for such services lay on instable values and uncertainties that compromise the possibility of the commodification of nature on stable metrics (Robertson, 2006;Barnaud et al, 2011;Ernstson and Sörlin, 2013).…”

How to implement biodiversity-based agriculture to enhance ecosystem services: a review

“…The variability of input (ecosystem) services is expected to increase during the transition, before recovering to a similar or even lower level, since the new regime is expected to be more resilient than the initial one Table 1 Degrees of uncertainty between agroecological practices and planned and associated biodiversities (from low=1 to high=3 uncertainty) and between biodiversity (both types) and ecosystem services (from "+" means positive effects and "−" means negative one; the number of "+" or "-" indicates the level of effect; "−/+" means effect is site-dependent; "/ " means agricultural practices and biodiversity have no (expected) significant effect deal with relatively complex and incomplete knowledge and thus to implement management while acknowledging these uncertainties. In addition to uncertainties about biophysical entities and processes, there are social-based uncertainties due to different or contradictory representations of ecosystem services among stakeholders, their respective importance and priority, and the adapted-management mechanisms to use to promote such services (Barnaud et al 2012). The more numerous and diverse are the farming systems and landscape-matrix management of stakeholders, the greater the difficulties in developing shared objectives and thus achieving consistency among stakeholder practices.…”

Soil “Ecosystem” Services and Natural Capital: Critical Appraisal of Research on Uncertain Ground

“…This rapid overview of attempts to model soil functions/services, either using direct, targeted measurements of soil properties or using pedotransfer functions to predict soil characteristics of interest on the basis of soil survey data, suggests that this modeling effort is accompanied by significant uncertainties (Barnaud et al, 2011;Grêt-Regamey et al, 2013;Tancoigne et al, 2013;Barnaud and Antona, 2014). A traditional way to insure that the uncertainties associated with initial measurements or "guestimates" based on survey data, as well as the inaccuracies resulting from spatial or temporal interpolations, do not vitiate model predictions entirely, is to carry out detailed uncertainty analyses.…”